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Relique érodée

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Agent de l'idéal De l'improbable genre humain Rendant haine pour haine Et dédain pour dédain Gémissant sur la dernière image dorée De ta pauvre mère mourante Que tu n'as hélas pas pu sauver Quelle hideuse besogne Héros d'une comédie Que ce curieux échange De nos deux fantaisies   Dans ton chagrin domestique  Au moulin de la ruine Cherchant de ta main gauche Abandonnant ta main droite À soulever ton verre  Sous un poids accablant Voilà maintenant que tu chasses toutes femmes Tes ambitions subsistant tristement Tant il n'est question que de mine punitive Tu les souhaiterais imperméabilisées Que la grâce et la bonté roulent sur elles Sans rien mouiller Comme font les gouttes d'eau Sur la toile cirée Alors qu'elles sont un ouragan de chair vivante Qu'un port aurait beaucoup de peine à contenir Il faut bien qu'un jour elles bouillissent Après avoir été ensevelies de précautions Amidonnées Repassées en quatre Encroûtées pour certaines Tombant en poussières

Exeat

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Dorothea Tanning - Birthday (1942)  Ce que j'aurais compris de mon enfance sauf que ce n'est pas la mienne, c'est comment une femme, œuvre d'ennui et de durée, pouvait devenir un meuble Le style de femme qui vivait dans une maison comme dans un musée, remplie d'artefacts de sa pertinence, d'une somme démesurée d'attention aux objets, grands ou petits, de son insolence passée Tout ce qu'elle avait connu, c'était le monologue creux d'un catholicisme Conscience qui dans sa vraie vie était rendue terne et redondante, incapable d'imagination ou de pensée supérieure qui sert à effacer en oignant la femme au foyer, qui n'existait qu'au service des autres mais peu souvent au service d'elle-même Les bras pleins de clous de girofle, de touches de piano, de bâtons de gomme à la cannelle Il était une fois une ligne qui s'était vue claire jusqu'au bout :  y = mx+b Son miroir, témoin d'une grande vulnérabilité, d'un mélange de c

Evol

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Ce ne sont pas seulement des coquilles qui ont craqué, comme si une planète tremblante donnait des signes d'une mort progressive   mais un tout qui craque Parfois, nous devons nous battre avec des gens  Il y a des Ubermensches en formation collégiales choyés  dévorant des manuels de Nietzsche et de physique,  des tas de poulets rôtis qui développent leurs muscles et leur (auto) suffisance pour attiser leur rage contre des gens simples  Il y a des entrepreneurs avec des comptes bancaires négatifs et un mantra je m'en foutiste  ne voulant rien d'autre que faire leurs preuves aux combats de rue ou dans la cage Beaux sans être sentimentaux Brutales sans être cruelles Il y a ceux qui restent dans leur sillage, spectateurs permanents des autres mécontents,  parlant de tout sur le même ton Qui ne disent simplement pas ce que vous aimeriez qu'ils disent   Des gens qui éclatent de rire nerveusement, des mâchoires métalliques,  un son ricanant, un grognement de tronçonneuse qui r

Bog

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  Gwen Tomahawk mamelon curry / shrapnel bindi / lassi whiplash / langue lengha / rum proof cane field / contrat érotique / grossesse au henné / golden rôti / chocolat / enterrement païen /  étouffez-moi  gentiment dans ces archives / mites de camphre / sari de grand-mère / noyade dot /    masse et maîtrise-moi / daya mortuaire / guillotine khôl et kajal / coutelas de grand-père / bœuf / éclats d'os halogènes cachés / poignard de consommation / masque de mort turban /  boutique porno sacrée / mariée chassée à travers la vitre d'une pépinière / une sorcière a encore du feu /  piétinement / éléphant translucide /  ce n'est pas une brûlure / ce ne sont pas des sorts blancs / les rations ont disparu /  attraper des crackers / des seiches / des nasses / des whip-wrack / les soldats tirent des coups de semonce pour éloigner de la mer / des serpents lapidés / creusement dans la boue pour les grenouilles / des écureuils piégés /  des cous de moineaux cassés /  tirer des chiens de l

Consilience

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Jan Fabre Bientôt, le rock chantera des chansons de grand-mère Je me promène mentalement dans une petite tribu dans la cabane de bien-être où Kookum avait habité, où elle cherchait ses meules Son histoire est ancienne, l'intrigue usée, les pages aussi Les chaudes journées d'août où elle restait assise pendant des heures à moudre des cerises de Virginie. Elle fredonne doucement un cri puis écrase la purée de petites galettes sur des plaques,   les recouvre d'écrans pour éloigner les oiseaux,  les place sur le toit bas de sa cabane sous le soleil brûlant du Dakota du Nord  Après qu'elle a vidé son dernier halètement, elle secoue la poussière  Je porte un tablier  Je fais une pochette sur mon ventre pour y recueillir les baies basses d'une main, comme Kookum le fait À genoux devant un rocher plat, mes tresses attachées, je pile dans les fosses Au cœur de l'hiver prochain, je tremperai des galettes pour ensuite les faire frire  dans de la graisse de bacon, ajoutant

Saturn dévorant son fils

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Goya par Luke Chueh Il se trouvera des abattoirs flamboyants autant de fois que la raison s'évapore de la plus lourde des manières en un jour substantiel  N ous qui n'avons jamais eu de belle enfance, nous peindrons l'image d'un porc Une bête solide tout d'une pièce sans jointure et sans cou Nous sommes les hanteurs des mers fatales où s'échevèlent les couchers sanglants, les mers basses, hautes, étales, vers lesquelles on crie du profond de nos flancs. Nous savons la splendeur des jours déracinés o ù des hommes de proie envahissent les rues, n ous qui portons le joug des aînés Nous donnerons la chasse de la Grande Mort, amoureux forcenés ne reconnaissant plus la cité Tangage dans les bas fonds, l es balourds mastoc s'y entrechoquent  dévoilant des globes oculaires saisissants Bosse borgne, q uitte à mourir en épectase, l e goupillon et  l' étendard turgescents se dressent comme un seul homme Des muscles et des pierres, le buste droit, la poitrine gonflé

Marqueur

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  Patricia Timmermans  Dans un coin du hall, une Polonaise à la tête fine et aux mains longues, assise seule, pleurait  Elle était une sorte d'anglophile ayant été captivée,  dés sa petite enfance, par les histoires du roi Arthur et de ses chevaliers  Elle se serait probablement sentie moins sombre si elle n'avait pas eu si froid,  mais, encore une fois, elle était arrivée insuffisamment vêtue Sans bas de laine, elle avait supposé, naïvement, acheter ce dont elle aurait besoin une fois sur place  Oh que tu étais maigre cette année terrifiante où je t'avais vue t'effondrer  Ta peau était vide comme un sac déchiré Le sel, débordant de tes os, insistait pour louer à nouveau la fidélité de ce corps à reconstruire Les yeux écarquillés, d'un glamour déconcertant, en rouge à lèvres et talons hauts, tu pouvais, jadis, entrer dans un mess militaire ou dans le bureau d'un politicien et persuader le plus dur et taiseux, le plus récalcitrant des hommes, de dialoguer Tu pouv