Consomption
Emilie Ickx Je suis allongée sur mon canapé sous le lampadaire doré. Le ciel commence à se nettoyer mêlant son cocktail de tristesse, un déluge puis un creusement, le temps d'une danse ou d'un baiser de plus avant qu'il ne commence à s'assombrir plus intensément. J'écoute la grande horloge en métal de la cuisine. Son pendule claque d'avant en arrière, sa musque épure toutes les heures. Pour mon peuple, prêtant sa force aux années précédentes, chantant partout leurs chansons d'esclaves, leurs chants de jubilés. Pièce par pièce, recoudre des corps. Une courtepointe qui raconte l'histoire du passage au milieu vers le centre de la Terre, des racines arrachées puis replantées. Laver, frotter, traîner sans jamais gagner sauf la rotule amoindrie. Rire, danser, jouer, boire du vin. Épouser ensuite leurs camarades de jeu pour mourir à petit feu plus tard de consomption, de lynchage, d'anémie, de carences. Rat King des créatures indivisibles. Laiss...