Mydriase
Denis Stroff. La séance de sac. Je crache sur ma vie. Je m'en désolidarise. Qui ne fait mieux que sa vie ? Cela commença quand j'étais enfant. Il y avait un adulte encombrant. Comment me venger de lui ? Je le mis dans un sac. Là, je pouvais le battre à mon aise. Il criait mais je ne l'écoutais pas. Il n'était pas intéressant. Cette habitude de mon enfance, je l'ai sagement gardée. Les possibilités d'intervention qu'on acquiert en devenant adulte, outre qu'elles ne vont pas loin, je m'en méfiais. A qui est au lit, on n'offre pas une chaise. Cette habitude, dis-je, je l'ai justement gardée, et jusqu'aujourd'hui gardée secrète. C'est plus sûr. Son inconvénient, car il y en a un, c'est que grâce à elle, je supporte trop facilement des gens impossibles. Je les attends au sac. Voilà qui donne une merveilleuse patience. Je laisse exprès durer des situations ridicules et s'attarder mes empêcheurs de vivre. La joie que j'aurai...