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Affichage des articles du août 1, 2021

Brave-la

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 Avec la patience du lion blanc, pour les chemins de montagne : Attends-la Près du parc où elle a ses habitudes : Guette-la Avec le bon goût du roi subtil et raffiné : Distingue-la Avec le feu du féminin omniscient : Devine-la Avec la senteur poivrée du musc masculin Drapé sur l'échine du cheval : Calcule-la Ne t'agace pas Si elle arrive souvent en retard : Patiente-la Si elle vient un peu avant l'heure : Réjouis-toi ! Qu'elle s'installe à son aise et prenne sa place : Laisse-la Ne relève pas le nœud rouge posé sur sa natte : Contemple-la Offre-lui de l'eau avant un verre de vin : Modère-la Ne touche pas à la paire d'inséparables en broche sur sa blouse Avec la coupe sertie de turquoise : Offre-la Effleure doucement sa main Quand tu poseras ta coupe sur le zinc : Rejoins-la Qu'elle respire un air enjoué étranger à ton cœur : Écoutera Si, au contraire, elle t'ennuie à table : Supporte-la Si le soir venu, sur le chemin, elle aperçoit une lune noyée da

I never asked to fall in love

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Tracey Emin Elle se rappelait d'une présence masculine dans sa chambre hier soir. Elle pouvait entendre à nouveau ses bruits de bouche pendant qu'il la regardait. Des lèvres qui s'ouvraient et se fermaient, du glissement de la langue, et parfois un claquement de dents qui touchaient les siennes avec un cliquetis ténu. Il était difficile d'entendre les mots. Quand elle les entendait, il y avait tellement d'espace autour d'eux qu'elle pensa : ils sont absents. Sa main glissant vers son ventre mat, l’autre cheminant en arabesques de son cou vers le creux de ses reins, le vide cherchant le plein. Leur danse était la plus corporelle des tactiques. La coupe de sa main épousait son sein rond. Son mamelon qui gonflait, s’agaçait sous l’effleurement. Sa jambe qui frôlait la sienne, en tapinois, s’enhardissait, s’assurait, effrontée, s’enroulait en un baiser de liane. Fléchissant, viens. Seulement ... plus tard, quand elle se retrouva seule, elle se rendit compte qu

Banger

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     Ils sont d'une violence Ils ont bien appris La première est morte La seconde est morte À cet instant Nous ne savons pas  Où se situera la prochaine Dans le souffle du vent putride et tiède  Filent des visages blancs Qui effleurent de leurs doigts calleux  Des moucherons fins L'ancolie disant à sa sœur mélancolie : Je pleure devant toi  Je demeure confuse Avec une impression de grands calices  Aux pistils noirs De grande tristesse  Mordant des dents Qui mordent des dents Qui brisent des bouches cariées Il en existe plusieurs Qui se sont cassés le coccyx Pauvres moustiques Qui grillent sur la vitre Sur la place où ils étaient auparavant Des petits garçons Et des petites filles sages Et là, voici des grands qui prennent Des scorpions pour des lanternes Qui écoutent parler Aladdin  gravement Qui discutent de respectueuse cérémonie  De familiarité grossière Faisant voltiger des paumes  Des gifles dans la face De leurs gros fronts bombés  Ils font gagner des rictus  Aux pauvres

Dreamwork

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Roger Ballen.

Le métronome a quitté le building

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Un orchestre de 120 musiciens Prend 40 minutes Pour jouer La Neuvième Symphonie de Beethoven Combien de temps cela prendrait-il  Pour 60 joueurs Pour jouer cette même Symphonie ?  Soit P le nombre de joueurs Et T le temps de jouer ? Prévision météo en 5 lettres :  Cela commence par un P P comme Putain P comme Passion du iota P comme Pluie P comme Porcin et Porcine Cela commence par un T T comme Tourette T comme Ta gueule Q Comme quota Q comme quand même Komme même J comme Jouissance N comme Nuisance N et J comme mes nom et prénom M comme mon diminutif N comme Nadinemouk L'éther du diable voyons Le dam de la sorcière Ce n'est pas comme cela que ça marche Ce n'est pas ainsi que tout cela fonctionne Cela n'est pas comme cela que tout finit.

What-we’re-working-on-right-time-this-very-minute

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Jake and Dinos Chapman -Two faces cunt - 1996 Ils étaient au nombre de 12 Tournante Leurs vies étaient très limitées Fascination du feu Sous leur paumes brûlantes Réclamant leur destin Torches dressées Tétons durcis Fesses cambrées Conjugaison d'Eternel activé Perlance de nos transparences Chavirement de pupilles Ballotement de corps non consentant Brasier au goût d'incendie Je respire leur chair Le chant de leurs paumes ruisselant sur ma nuque Regards pailletés Sous ma bouche qui fouille  Ivres des éléments En suspension Affoler leur animalité Faire transpirer leur odeur Grande saveur Je ne porte sur ma bouche que du rouge J'ai au ventre impérieux un miracle de chair  Attendre Retenir En retard En retard En retard Vous êtes en retard Vos mains scintillent De liquidités fondantes Rictus D'un tour de passe passe d'une plante à l'oxygène De la logique du chien crevant devant l'os Papillon d'or distributeur de nuit stationnaire  Regarde les mouvements

Verticalité

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Marcus Jansen. Les mois ne sont pas longs  Ni les jours Ni les nuits. C'est le combat qui est long. Est-ce possible qu'une nation, Mère de la civilisation, Regarde sans la défendre Les efforts qu'on fait pour la détruire ? Les malheureux : Ils cherchent encore. Mais c'est là ! Entrainer des nations entières D'une trouée héroïque. C'est à qui le premier ? Soldat de l'idéal A qui le tour ? Menons le combat à coups de fouets Faits avec des rayons du soleil, Des débris de la lune. Distinguer les bourreaux des victimes, Les victimes des imposteurs, Semer une prairie vierge. Le trèfle, Le triolet. Si vivre c'est lutter, A nous deux. Et que ton geste viril S'acharne en deux coups,  Contre ce flanc stérile. Les poings dans les nœuds, Saisissons la bride, Les sourcils dans la ride, Elevant la coupe. Hors du fourreau le coup de l'épée. Malebranche désarçonné. Débauche de la clarté. L'idée est la cible. Les naseaux dans le souffre. Le gazon par août tié

Cameo

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Nina Arsenault. 61 fois. En repassant lors d'un après-midi de promenade devant le portillon de cette maison, la maison de ses rêves déçus son souvenir avait maintenant changé d'adresse. Numéro 24 Dans ce bâtiment devenu commun plus de 26 ni de 28 mais un seul 24. Plus rien ne restait de ses souvenirs d'enfant. De nouveaux locataires, de nouvelles têtes, de nouvelles existences. Une maison anciennement maudite. Amityville en vrai. Pas du ciné. Pas de chiqué. Que du vrai. Du grenier au rez-de-chaussée. 61 fois Ce n'était là que des réflexions intrusives, une soupe périmée dont les ingrédients restaient pourtant frais près de 30 ans plus tard, l'amygdale cérébelleuse toujours vive. Sa photo accrochée sur le mur du hall d'entrée avait sans doute bougé de place vers une poubelle propre.  Les griffonnages de son prénom tag sur le mur effacés. Les chaises musicales de la salle à manger familiale rangées derrière un meuble au fond d'une cabane imaginaire dans sa tê