Cameo
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| Nina Arsenault. 61 fois. En repassant lors d'un après-midi de promenade devant le portillon de cette maison, la maison de ses rêves déçus son souvenir avait maintenant changé d'adresse. Numéro 24 Dans ce bâtiment devenu commun plus de 26 ni de 28 mais un seul 24. Plus rien ne restait de ses souvenirs d'enfant. De nouveaux locataires, de nouvelles têtes, de nouvelles existences. Une maison anciennement maudite. Amityville en vrai. Pas du ciné. Pas de chiqué. Que du vrai. Du grenier au rez-de-chaussée. 61 fois Ce n'était là que des réflexions intrusives, une soupe périmée dont les ingrédients restaient pourtant frais près de 30 ans plus tard, l'amygdale cérébelleuse toujours vive. Sa photo accrochée sur le mur du hall d'entrée avait sans doute bougé de place vers une poubelle propre. Les griffonnages de son prénom tag sur le mur effacés. Les chaises musicales de la salle à manger familiale rangées derrière un meuble au fond d'une cabane imaginaire dans sa tête, Dans un jardin vert anis qui n'a jamais existé. Le siège à roulettes du bureau de son père avait disparu. Hue dada Le balatum coriace fleurissait-il encore sur le sol ? Imprimé vomitif à souhait. Espoir. Des pas et des pas. Lionne en cage. Aucune sortie de prévue. Laisse béton. Mais encore ? Elle se rappela cette phrase nuageusement : au moins, ai-je imaginé que je vous avais baisé, lui avait-il dit. Et bien que toute mon affection pour vous, ma tendre fille, ne s'est pas dissipée, votre feu qui est dans mon sang, et dans mes sens a longtemps coulé nerveusement puis a rendu cet endroit plus apaisé et tranquille. Nous continuerons toutes les fois selon mes souhaits. Son désir prononcé, il se remettait toujours en action. Plusieurs marionettes dans son jeu de quilles le rendaient heureux, jamais perturbé ou inquiet. Reminiscence : c'était le summum du printemps Vacances de Pâques Congé Biblique mardi de belle saison Vacances scolaires Le moment est accablant à force de rayons D'œufs au chocolat goût lait fourré praliné La terre tourne et est muette De cette joie offerte Complice sans l'être tout à fait De ce petit corps inerte en apparence Le midi s'achève et s'endort dans le chaos silencieux Un midi pas ordinaire Morne et morbide comme un midi qui bande dur Sous la contrainte Tout est étrange et figé Depuis ce jour Odeur de sainteté Où se trouvent depuis les autres flinguées ? se demanda-t-elle Qui étaient les autres prétendantes ? Celles qu'il avait préféré le plus ? Les autres fusillées ? Les autres mortes vivantes ? Leurs jouets d'enfance enterrés dans une cave, le petit vent frais de l'aube soufflant des braises. Le chaton également Poubelle. Noyé dans un seau d'eau. Sa petite gueule avait été tranchée. Débris de miroir ensanglantés sur le carrelage blanc. Était-ce intentionnel ? Miwwww La quarantaine contagieuse, désespérée de vaines actions et de nombreux efforts, tremblante d'accepter à nouveau cette douleur permanente et réelle du quotidien, elle se questionna encore : Cette illusion du vivre Du savoir être Ont-ils enfin assez battu de l'aile ? La martyre que je suis qui se doit de quereller Jour après jour se reposera-t-elle un jour ? Un rêve fait de luminaires que cette vie Aux ivresses incertaines Aux illusoires chaînes Raison malsaine Cette coupe inépuisable de larmes Et de sanglots courts et coupés Ces chers sourires de vendeur de glace Minibus multicolore Musique italienne Celentano O solo mio Mélodie de sous-cave De charme qui dégouline Elle s'attarda plusieurs heures après sa balade (re)vivifiante Sur le seuil d'une porte Même rue Même voisinage Mais laquelle exactement ? La tienne ? Vers toi ? Suzie ne sait plus Suzanne est perdue Suze est foutue Chapeau pointu Lobotomisation bienvenue Sourire véritable perdu Suze s'est rendue Tu pues tu pues tu pues, pensa-t-elle Depuis tellement de temps Odeur chimique Personne pour la contredire Jusqu'à présent 61 fois Peut-être plus Peut-être moins Pince-mi Pince-moi Pour toutes les fois Illusion Déraison Mauvaises intentions Malédiction Bonbon Potiron |
