Membrane tendue

 


Wim Delvoye 

Il en existe plusieurs qui se sont cassés le coccyx,
pauvres moustiques qui grillent sur la vitre, 
sur la place où ils étaient, auparavant, des petits garçons et des filles sages 

Ils sont d'une violence, ils ont bien appris.
Réfléchissant une fougère décomposée, ce duvet des filles pugnaces qui suivent le vent qui tourne.
L'espérance, ce mot d'enfance, n'existe quasi plus

La première est morte, la deuxième est morte
À cet instant, nous ne savons pas où se situera la suivante 

Dans le souffle du vent putride et tiède d'avril filent des visages blancs
qui effleurent de leurs doigts calleux des moucherons fins 

Voici des grands qui prennent des scorpions pour des lanternes,
qui écoutent parler Aladdin, qui discutent de respectueuse cérémonie,
de familiarité grossière, faisant voltiger des paumes imaginaires dans les faces

De leurs fronts bombés, ils font gagner des rictus aux pauvres anonymes qui hersent.
D'une pointe de feutre inopérante, qui ne sait plus où aller,
obéissant aux voix dures et rauques, tapant sur le gazon une gaule avec leurs queues derrière la nuque, un pistolet d'arçon en main,
jetant des braises sur un chemin qui mène à la misérable Damas. 
Cette senteur animale sous les pieds, parce qu'ils ont trop trotté
dans une longue foulée jusqu'à la rancœur du souvenir de leurs enfances, 
d'une caresse d'un brin d'herbe sur leurs jambes imberbes
où l'ambre et la sueur se mélangent savamment

Se souvenir des moineaux qui mouraient dans des éviers en pierre décorés de lierre sauvage. 
Se rappeler de ces écoliers qui avaient, pour la plupart, des noms chichis, des noms de livres,
de distributions de prix dont on se souviendra avec peine, avec peu de tendresse

L'ancolie disant à sa sœur mélancolie :
je pleure à peine devant toi,
je demeure confuse avec une impression de grands calices aux pistils noirs,
de grande tristesse mordant des dents qui mordent des dents, qui brisent des bouches cariées 

Quand sur des pentes d'ombres immobiles, 
d'autres mains que les leurs glissent sous des ventres pâles et vides, au milieu de dentelles,
inoculons de la tuberculine aux bœufs qui toussent et qui s'escriment.
Faites qu'ils ne souffrent pas trop en sentant pénétrer la pointe du couteau 


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