Banger

    

Ils sont d'une violence
Ils ont bien appris

La première est morte
La seconde est morte
À cet instant
Nous ne savons pas
 Où se situera la prochaine

Dans le souffle du vent putride et tiède
 Filent des visages blancs

Qui effleurent de leurs doigts calleux
 Des moucherons fins
L'ancolie disant à sa sœur mélancolie :

Je pleure devant toi 
Je demeure confuse
Avec une impression de grands calices
 Aux pistils noirs
De grande tristesse
 Mordant des dents
Qui mordent des dents
Qui brisent des bouches cariées

Il en existe plusieurs
Qui se sont cassés le coccyx
Pauvres moustiques
Qui grillent sur la vitre
Sur la place où ils étaient auparavant
Des petits garçons
Et des petites filles sages

Et là, voici des grands qui prennent
Des scorpions pour des lanternes
Qui écoutent parler Aladdin
 gravement
Qui discutent de respectueuse cérémonie
 De familiarité grossière
Faisant voltiger des paumes
 Des gifles dans la face

De leurs gros fronts bombés 
Ils font gagner des rictus
 Aux pauvres anonymes qui hersent
D'une pointe de feutre inopérante
Qui ne savent plus où aller
Obéissant aux voix dures et rauques
Tapant sur le gazon une gaule
Réfléchissant une fougère décomposée
Ce duvet des filles pugnaces
 Qui suivent le vent qui tourne

Ils montent
 ils montent
 Ils montent, ils montent
Avec leurs queues derrière la nuque
Un pistolet d'arçon en main
Jetant des braises
Sur un chemin qui mène
 A la misérable Damas

Cette senteur animale sous les pieds
 parce qu'ils ont trop trotté
Trop longtemps
Dans une longue foulée
 Jusqu'à la rancœur du souvenir
D'une caresse d'un brin d'herbe 
Sur leurs jambes imberbes
Où l'ambre et la sueur
 Se mélangeaient savamment

Quand sur des pentes d'ombres immobiles
D'autres mains que les leurs glissent
Sous des ventres pâles et vides
De poitrines gonflées
Au milieu de dentelles

Inoculons de la tuberculine aux bœufs
Qui toussent
Et qui s'escriment
Faites qu'ils ne souffrent pas trop
 En sentant pénétrer la pointe du couteau

L'espérance, ce mot d'enfance
N'existe presque plus
Se souvenir des moineaux 
Dans des éviers en pierre
 Décorés de lierre sauvage

Se rappeler de ces écoliers
Qui avaient 
Pour la plupart
 Des noms chichis 
Des noms de livres
De distribution de prix
Dont on se rappellera
 Avec peine
Avec peu de tendresse
  



















 

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