Evol


Ce ne sont pas seulement des coquilles qui ont craqué,
comme si une planète tremblante donnait des signes d'une mort progressive,
mais un tout qui craque

Parfois, nous devons nous battre avec des gens 

Il y a des Ubermensches en formation collégiales choyés 
dévorant des manuels de Nietzsche et de physique, 
des tas de poulets rôtis qui développent leurs muscles
et leur (auto) suffisance pour attiser leur rage contre des gens simples 

Il y a des entrepreneurs avec des comptes bancaires négatifs et un mantra je m'en foutiste 
ne voulant rien d'autre que faire leurs preuves aux combats de rue ou dans la cage
Beaux sans être sentimentaux
Brutales sans être cruelles

Il y a ceux qui restent dans leur sillage, spectateurs permanents des autres mécontents,
 parlant de tout sur le même ton
Qui ne disent simplement pas ce que vous aimeriez qu'ils disent
 Des gens qui éclatent de rire nerveusement, des mâchoires métalliques,
 un son ricanant, un grognement de tronçonneuse qui ressemble à une tuerie 

Un même langage rhétorique est utilisé, sur les réseaux sociaux,
autant sur le casting d'un film Marvel
que sur le nivellement par le bas d'un village en Syrie 
Les mêmes algorithmes, instructions, opérations de l'indignation sont utilisés
pour parler de l'un comme de l'autre

Nous sommes encore et toujours en train de positionner des coïncidences, des anti-jalons,
des rappels pas toujours confortables que l'élan de vie construit
puis qui, souvent,
se brisent avant d'y avoir trouver un semblant de réponse
Il nous faudra encore un certain temps pour calibrer
Nos cerveaux n'ont pas suffisamment évolué pour faire la différence

Des fondements politiques du désir, de l'importance de la folie dans le mouvement utopique
 s'ouvrant sur une lecture d'un manifeste incel devenue une méditation de grande envergure,
 sur des dimensions idéologiques, politiques, publiques du désir sexuel propre,
sur la façon dont nous pourrions commencer à réfléchir de manière plus critique 

Nous avons pris l'habitude de lire toute philosophie comme une trahison de soi

Nous nous sentons hantés par ces petites pièces de manière évidente 
La dynamique de la distance jouxtant la proximité, la connaissabilité, l'insondabilité
sont des préoccupations personnelles

Des gens qui semblaient être des philosophes analytiques, très traditionnels,
ont avoué avoir des inclinaisons et des désirs souterrains dissidents

Les gens lisent souvent mal ou se souviennent mal
ou conçoivent à tort comme étant résolument austères et pessimistes le banal 
Ce qui est ennuyeux

Nous écrivons tous (ou presque) des dissertations improvisées sur l'épistémologie,
la métaphysique, la philosophie du langage

Une forme de frustration intellectuelle qu'on éprouve en travaillant 
sur un mode analytique souvent étroit

Quand l'anxiété est pertinente, c'est une belle chose,
car ce serait une tragédie de laisser la politique aux politiciens
 ou aux spécialistes rigolos de sciences sociales

Nous vivons dans les temps les plus chanceux
Nos humeurs comme les quatre saisons dans une vitre teintée donnant sur un braquage de banque

Nous pouvons regarder l'histoire du mouvement de libération des femmes aux Etats-Unis
 pour voir ce qui se passe lorsqu'un groupe de personnes engagées,
dans un changement social radical,
commence à embrasser une préoccupation obsessionnelle concernant l'inadéquation putative
entre les vies et les engagements politiques,
 car c'est ce qui distingue la nouvelle gauche de l'ancienne gauche 

Je souhaiterais que nous ayons un rapport ambivalent aux questions
de ce que signifie rendre public le personnel

Je n'essaie pas de suggérer un projet dans lequel chaque individu s'assoit à terre 
pour se demander si ses désirs sont conformes à ses engagements, 
encore moins en proposant une sorte de séance maoïste où nous nous posons tous 
et nous nous disons :
est-ce vrai ?

Mais si je prends le sannyasi,
c'est quelqu'un qui a renoncé à tout :
son nom, ses relations familiales, sa propriété, son statut civique 

Je détesterais l'idée qu'il ait à montrer la pertinence en propagande de ce qu'il fait et vit

Je trouve la conscience de soi et la gaudeté ennuyeuses chez les autres,
une sorte de musique qui est écrite à base d'expressions faciales de warrior

Les courroies habituelles d'expression sont viciées

Certains statuts font penser à un sport solo dangereux
alors qu'ils font beaucoup de sur place et ridicule à souhait
C'est critique

Ce n'est pas la violence en soi qui effraie mais la cause dite sympathique

Il est préférable de reconnaître que nous n'allons pas pondre de poèmes brillants
Derrière chaque mot se cache un monde qui doit être encore imaginé

Se dire qu'on se manque face au miroir en cueillant quelque chose destiné à évoluer
Ce serait triste de perdre cela

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