Saturn dévorant son fils

Goya par Luke Chueh

Il se trouvera des abattoirs flamboyants autant de fois que la raison s'évapore de la plus lourde des manières en un jour substantiel
 Nous qui n'avons jamais eu de belle enfance, nous peindrons l'image d'un porc
Une bête solide tout d'une pièce sans jointure et sans cou

Nous sommes les hanteurs des mers fatales où s'échevèlent les couchers sanglants,
les mers basses, hautes, étales, vers lesquelles on crie du profond de nos flancs
Nous savons la splendeur des jours déracinés où des hommes de proie envahissent les rues,
n
ous qui portons le joug des aînés
Nous donnerons la chasse de la Grande Mort, amoureux forcenés ne reconnaissant plus la cité

Bosse borgne, quitte à mourir en épectase,
l
e goupillon et l'
étendard turgescents se dressent comme un seul homme

Tangage dans les bas fonds, les balourds mastoc s'y entrechoquent
 dévoilant des globes oculaires saisissants


Des muscles et des pierres,
le buste droit, la poitrine gonflée à la recherche d'un artefact doré inappréciable

Que Satan nous vanne dans son crible

Les femmes frôlent sa robe en gai cortège
Les petits enfants sautillent sous ses pas
Des grues immenses crucifient le ciel
Le feu à toutes les fontaines










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