La fabrique de la félicité

Aleksandra Waliszewska

Un corps en fleurs à la fraiche corolle
Baiser le bec de la muse, belle et fière, portant des palmes en main
Chanter la femme, chanter en son honneur, baiser cette main qu'elle daigne vous tendre
Place au bal et au triomphe
L'échafaud est bon
Il ne faut pas trop de lumière
Plonge sans vergogne dans ton costume de nuit

C'est au fil de leurs désirs qu'ils se multiplièrent par mille

Debout devant un volcan, le chaud du magma, rougeâtre et gonflant, fruit rouge abreuve la régalade
Une silhouette qui trace la crevasse malaxe l'oxygène et le sang
La bouche parfaite sous un rouge puissant
Une femme infidèle à ses racines, décrochée de toutes réalités,
aux airs de déesse atmosphérique, paiera de son sang véritable

Des couloirs pareils aux veines, dédale sombre du taureau, elle ne recevra pas de monnaie percutante

Penche donc ta tête ravissante, amante au cœur pur
 Devant une telle grâce, on se retourne et on admire
Aucun stoïque, insensible à cet enthousiasme, n'ajoutera de sarcasme
Pardonner le caprice ou le soupçon
Elle a dans ses yeux l'amour et son empire fléchit sous des regards charmeurs
Quand elle vous regarde, on sent vibrer son cœur
La voir ainsi offerte, l'orgueil fuit devant elle, la colère expire
L'oiseau bleu qui s'envole dans une sainte humilité 
Tant de prodiges est fait pour émerveiller ce bel ange aux ailes d'or

Vous irez porter sa couronne d'or effeuillée au jardin de son père où vit toute fleur
Elle y répandra longtemps son âme, agenouillée
Elle désirera comme on aime en hiver, vision plurielle et multiplicatrice
Elle s'exposera, enveloppe ovale, revêtue d'un caftan de veille,
que bien toute chose anime dans l'urne pieuse des défunts calices
Laisse au vague appétit des yeux, deviner des organes précieux,
s
ous la pure distinction d'une silhouette qu'on rêve à une bique
Son visage allègre et son ventre arrondi seront une oraison vivante

Ne fais pas de paquet-cadeau, toi qui ajustes les angles et les manières
Toi qui produis et qui gardes
À la faveur des dieux, sur la montagne, elle t'avait emmené accoupler un jour avec l'autre
Elle s'en ira en ermite, dans les nuées du mois de décembre
quand elle ne sera plus ni pervertie ni battue ni souillée
Alors elle sera civilisée






 

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