Caravage Prends la flemme en toi Brûle et brûle en-dessous Graine de feu et alimentation du feu Pour faire grandir le bébé Prends la flemme en toi Brûler et brûle l'assurance Graine de feu et alimentation du feu Pour que le bébé reste Prends la flemme en toi Brûler et brûle, recommence Graine de feu et alimentation du feu Pour faire du bébé un roi Prends la flemme en toi Brûler et brûle le mensonge Graine de feu et alimentation du feu Pour faire pleurer le bébé Prends la flemme qui est en toi Brûler et brûle la flamme Graine de feu et alimentation du feu Rendre le bébé plus fort Ce que Cupidon aime, le crapaud l'aimera peut-être Ce que Cupidon cherche, le crapaud n'y croira sans doute pas S'esquinter à faire d'une antilope un crapaud lovelace songeur comme l'amour, beau comme le sentiment et le génie, si candide et fougueux que l'innocence posera un baiser sur son menton L'amour le côtoyant jurera partout d'être fidèle, même hasardeux, en se souciant
Qui veut être premier sera l'esclave de tous Avec un disque rayé, ailé, sculpté dans le pendentif uraeus d'Horus : couronne sportive d'une Haute et Basse Egypte réunies par des anneaux et des éventails de cérémonies incisés dans la roche Une tentative pour comprendre les extrémités, les outils comme les formes humaines incarnées en un seul mot alphabétique découvert sous les dalles de basalte noire Du fantôme, bras levés par la fenêtre, la première moitié : regarde, je chevauche des siècles de fouets La seconde moitié : mes bras tendus vers l'avant comme si je m'inclinais Le fantôme est maintenant entier, les bras à plat sur le trottoir, les paumes vers le bas ARSINOE ALEXANDRE ALEXANDRIE Ni littéral ni presque tout à fait incorrect pour Karnak la cartouche Cajoler le mince panache d'une fumée prudente Les scripts coptes non encore lus dans les amorces arabes Nous n'avons qu'à faire rouler une pierre du haut d'une colline Nous n'avons qu'à
Michaël Borremans I. Le premier cheval Le choléra grouillait, invisible à travers l'eau, tapi dans les puits et les fontaines, se tortillant dans les ordures et les excréments. Des vers infinitésimaux perçant les intestins, jusqu'à ce que toute l'eau et le sel se déversent du corps, jusqu'à ce que le corps devienne un ver se ratatinant et se tordant, jusqu'à ce que la peau brûle comme une flamme. La mort bleue, visage caché dans un bandana, creusait des tombes avec les fossoyeurs qui tombaient un à un dans des trous qu'ils creusaient pour d'autres morts. Des médecins étaient décédés également en voyant les signes dans le miroir, la main tremblante sur le rasoir. II. Le deuxième cheval Le médecin était descendu du bateau, de retour de Paris, l'humidité de la peste scintillant dans sa barbe. Il avait vu sa belle-mère qui l'avait nourri s'enfoncer dans un monticule de terre, son corps vide comme l'enveloppe d'une sauterelle en période de séc
Takahiro Komuro - Vortex - 2019 Il est extrêmement rare que ce qui a l'air de représenter une avancée n'implique pas simultanément un recul. Si le progrès ne réside plus guère que dans les moyens, qui ont tendance à augmenter sans cesse, il n'est pas surprenant qu'on le rencontre à chaque pas, avec le sentiment de rencontrer en réalité à chaque fois autre chose que lui. L'impression qui résulte de ce qui se passe est que le progrès est partout, et que pourtant sa physionomie ne peut plus être reconnue nulle part. (Jacques Bouveresse - Le mythe moderne du progrès)
Jenny Saville - Reverse Ils apparaissent sur la place s'imposant sauveurs du roi mais pas d'eux-mêmes Fiers sur leur piédestal bâti comme un factotum, comme un blockhaus de pierre robuste où leurs noms miroitent sur une plaque Ces enflures Leurs mâchoires exaltées, leurs mentons balourds, leurs poings taillés à fêler et à fendre en deux toute amorce Force en main dés qu'ils asphyxient et enchaînent dans hier le lendemain bruyant et phonique de cassantes fanfares, scrutant quels feux d'éveil, quelles volontés se carrent en angles droits Ils s'abreuvent à la fontaine de la haine sans jamais implorer le pardon Une nouvelle fois, nous y voilà, en présence du tyranneau et de la révoltée Ils sont la loi et nous ne sommes que la prépondérance De leur âpreté équivoque, de leur austérité, fleurira un œil doux et une explosion de candeur Comme de simples animaux qu'ils enfermèrent, l'automne dernier, au sein de la nature, las de trop végéter, l'âme intrépide, no
Hyun-soo Kim Jouer et jouir, l'ordre gagne et le désir lèse qui n'aime plus le vent, par la faute d'un corps sourd Ça dépend du tarif Purée de banane écrasée, je n'ai de palpitant qu'en mon front Ça dépend du tarif La plaine était lumineuse avec des argiles, la terre était immobile et forte. Abel courait. Il était seul et il courait. Fort d'abord. Ensuite lourdement Ça dépend du tarif Abel est fier de sa croix reluisante. Il s'est donc fait un blaze ? Nullement, il a pris rougette. Sa main a jeté toute la soule que pouvait contenir sa bouche Ça dépend du tarif Tel était Abel et telle était sa cité. Bien perché, bien sur lui, le visage olivâtre. Naître et mourir, tous les jours, lorsqu'on s'abandonne dans un torrent divin Ça dépend du tarif Il peut voir les angles noirs et les torsions sous la croûte blanche. Il court encore après un passé brisé. Cherches-tu le repos ? L'idéal que, forcément, poursuit ton envie ? Ça dépend du tarif L'osc
Ariana Page Russell P n'est plus un ex puceau. Son entrecuisse comme un cachot. Le sexe est un art forain, sur internet, ou dans sa main Son cœur est enfoui et vieillot, l'anthropologue est un salaud. La grotte où il s'était caché est devenu de l'immobilier. P n'est plus un ex enfant. P ne rêve plus gratuitement. P a des envies et des abus. On a trouvé l'enfant perdu. P rêve d'animaux dans la nuit. P aimerait que les gens s'accrochent aux arbres. P a des fusils e t des obus, i l est méchant l'enfant déçu. Son sapin deviendra une boîte, l e docteur aura les mains moites. Le cimetière est si encombré, l e paradis reste caché. Ses fées sont des poupées vénales. La poudre qui le fait voler e st prohibée sur le marché. P n'est plus qu'un ex humain, il n'a pas de regrets, p
Marcel Sang Goutte à goutte Médecin en première ligne Spectroscopique Me touche pas, me touche-moi pas Panache de racine blanche Poissard tube pantin Détresse du trapèze Gorge profonde de noir Jeux fous Feu aux joues Jeu : un La radio crie : c'est l'éther La trompette verte est un rein Carrant des dents en timbre-poste Cassant une lampe ananas qui fuit Spasticité illimitée de la chair des os Cœur dur sous une colonne ingrate Pollution de page Une de perdue, dix de troublées Laisse tomber une fiente sur la sainte image Verrue des lanternes Doublure du fond Qu'en pense le cocu ? Lakmé berger Manger ses mains Phalange de phallus Eteindre les mèches des casseroles folles Couvre-feu et ouvre-braise Les œufs durs sont brûlés Circulation de microbes vierges Vendre la pommade Orbi combi L'asthme de la ville suffoque Dans le trou du souffleur Cancer quantique Le soleil grille Mamelles exposées Demander à une vieille dame l'adresse d'un bordel Tomber dans une réunion d
Wim Delvoye Il en existe plusieurs qui se sont cassés le coccyx, pauvres moustiques qui grillent sur la vitre, sur la place où ils étaient, auparavant, des petits garçons et des filles sages Ils sont d'une violence, ils ont bien appris. Réfléchissant une fougère décomposée, ce duvet des filles pugnaces qui suivent le vent qui tourne. L'espérance, ce mot d'enfance, n'existe quasi plus La première est morte, la deuxième est morte À cet instant, nous ne savons pas où se situera la suivante Dans le souffle du vent putride et tiède d'avril filent des visages blancs qui effleurent de leurs doigts calleux des moucherons fins Voici des grands qui prennent des scorpions pour des lanternes, qui écoutent parler Aladdin, qui discutent de respectueuse cérémonie, de familiarité grossière, faisant voltiger des paumes imaginaires dans les faces De leurs fronts bombés, ils font gagner des rictus aux pauvres anonymes qui hersent. D'une pointe de feutre inopérante, qui ne s