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La fabrique de la félicité

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Aleksandra Waliszewska Un corps en fleurs à la fraiche corolle Baiser le bec de la muse, belle et fière, portant des palmes en main Chanter la femme, chanter en son honneur, baiser cette main qu'elle daigne vous tendre Place au bal et au triomphe L'échafaud est bon Il ne faut pas trop de lumière Plonge sans vergogne dans ton costume de nuit C'est au fil de leurs désirs qu'ils se multiplièrent par mille Debout devant un volcan, le chaud du magma, rougeâtre et gonflant, fruit rouge abreuve la régalade Une silhouette qui trace la crevasse malaxe l'oxygène et le sang La bouche parfaite sous un rouge puissant Une femme infidèle à ses racines, décrochée de toutes réalités, aux airs de déesse atmosphérique, paiera de son sang véritable Des couloirs pareils aux veines, dédale sombre du taureau, elle ne recevra pas de monnaie percutante Penche donc ta tête ravissante, amante au cœur pur  Devant une telle grâce, on se retourne et on admire Aucun stoïque, insensible à cet enth...

Maria

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Mère des 7 douleurs J'ai retiré ce radium L'enfant Tout l'aréopage Payable L'affaire est consultée D'office

Filuteria

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Ursula Kluz Knopek L'apport épique est en désamour un court extrait qui concourt l'épine Découvrir, rongés, ce qui est d'ores et déjà concocté Notes de flûte roucoulantes, jaunes d'œuvres congelés dans le frigo Jeudi tarte J'attends une sursaturation, un élan de force centipède qui pourrait évoquer une importance des choses La conscience de trop de soi ne menant nulle part  J'ai l'impression de me déplacer dans le monde avec ma chemise devant moi,  la remplissant d'images et de cailloux Je serais obsédée par la méchanceté Je sens que j'accroche à ce deux pas par quatre Oh, j'ai écrit le mot en S avec l'envie d'avoir un médium esthétique auquel être la plus perméable Aimer tous les hommes en un seul con Les rêveurs fuiraient les bruits enjoués si tous les hommes étaient de bonne race Un genre de maladresse bruyante et urgente ornée d'un décor sensationnel Des babioles de genre et de formes qui enchaînent des pertes de liens familiaux, ...

Relique érodée

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Agent de l'idéal De l'improbable genre humain Rendant haine pour haine Et dédain pour dédain Gémissant sur la dernière image dorée De ta pauvre mère mourante Que tu n'as hélas pas pu sauver Quelle hideuse besogne Héros d'une comédie Que ce curieux échange De nos deux fantaisies   Dans ton chagrin domestique  Au moulin de la ruine Cherchant de ta main gauche Abandonnant ta main droite À soulever ton verre  Sous un poids accablant Voilà maintenant que tu chasses toutes femmes Tes ambitions subsistant tristement Tant il n'est question que de mine punitive Tu les souhaiterais imperméabilisées Que la grâce et la bonté roulent sur elles Sans rien mouiller Comme font les gouttes d'eau Sur la toile cirée Alors qu'elles sont un ouragan de chair vivante Qu'un port aurait beaucoup de peine à contenir Il faut bien qu'un jour elles bouillissent Après avoir été ensevelies de précautions Amidonnées Repassées en quatre Encroûtées pour certaines Tombant en poussières...

Exeat

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Dorothea Tanning - Birthday (1942)  Ce que j'aurais compris de mon enfance sauf que ce n'est pas la mienne, c'est comment une femme, œuvre d'ennui et de durée, pouvait devenir un meuble Le style de femme qui vivait dans une maison comme dans un musée, remplie d'artefacts de sa pertinence, d'une somme démesurée d'attention aux objets, grands ou petits, de son insolence passée Tout ce qu'elle avait connu, c'était le monologue creux d'un catholicisme Conscience qui dans sa vraie vie était rendue terne et redondante, incapable d'imagination ou de pensée supérieure qui sert à effacer en oignant la femme au foyer, qui n'existait qu'au service des autres mais peu souvent au service d'elle-même Les bras pleins de clous de girofle, de touches de piano, de bâtons de gomme à la cannelle Il était une fois une ligne qui s'était vue claire jusqu'au bout :  y = mx+b Son miroir, témoin d'une grande vulnérabilité, d'un mélange de c...

Umgibe

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  Michaël Booremans Réveiller le rêve est difficile Je n'ai plus d'aiguille en réserve Je traîne mon placenta derrière moi Je n'ai jamais demandé moins Chaque jour, il faut se resituer sur la map Certaines violences verbales ou physiques sont légitimes C'est devenu une question de bravoure La reconnaissance est extrêmement fine J'évoque des fémurs et je pense en triangles, aux échos de voix curieuses Cunt pour toute personne qui prend le passage en route Écrire sur la mort d'êtres chers doit être à peu près aussi vieux que l'écriture elle-même L'envie de le faire me titille mais me lie, également, instantanément au présent, à mon estomac Je me sèche avec une serviette où il y a des taches de sang, d es tripes au sommet Baissez les yeux Dimension arrière de textos imbibés de bordeaux Ici, on bâfre Babylone la vaste L'insensé doit être rassasié Couches de plastique, m astic et croûte Un zombie est une tête et un trou dedans Nous sommes faits de tant de...

Consilience

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Jan Fabre Bientôt, le rock chantera des chansons de grand-mère Je me promène mentalement dans une petite tribu dans la cabane de bien-être où Kookum avait habité, où elle cherchait ses meules Son histoire est ancienne, l'intrigue usée, les pages aussi Les chaudes journées d'août où elle restait assise pendant des heures à moudre des cerises de Virginie. Elle fredonne doucement un cri puis écrase la purée de petites galettes sur des plaques,   les recouvre d'écrans pour éloigner les oiseaux,  les place sur le toit bas de sa cabane sous le soleil brûlant du Dakota du Nord  Après qu'elle a vidé son dernier halètement, elle secoue la poussière  Je porte un tablier  Je fais une pochette sur mon ventre pour y recueillir les baies basses d'une main, comme Kookum le fait À genoux devant un rocher plat, mes tresses attachées, je pile dans les fosses Au cœur de l'hiver prochain, je tremperai des galettes pour ensuite les faire frire  dans de la graisse de ...