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Evol

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Ce ne sont pas seulement des coquilles qui ont craqué, comme si une planète tremblante donnait des signes d'une mort progressive   mais un tout qui craque.  Parfois, nous devons nous battre avec des gens.  Il y a des Ubermensches, en formation collégiales choyés, dévorant des manuels de Nietzsche et de physique,  des tas de poulets rôtis qui développent leurs muscles et leur (auto) suffisance pour attiser leur rage contre des gens simples.  Il y a des entrepreneurs avec des comptes bancaires négatifs et un mantra je m'en foutiste  ne voulant rien d'autre que faire leurs preuves aux combats de rue ou dans la cage. Beaux sans être sentimentaux. Brutales sans être cruelles. Il y a ceux qui restent dans leur sillage, spectateurs permanents des autres mécontents,  parlant de tout sur le même ton. Qui ne disent simplement pas ce que vous aimeriez qu'ils disent.   Des gens qui éclatent de rire nerveusement, des mâchoires métalliques,  un son ricanant, un grognement de tronçonn

Consilience

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Jan Fabre Bientôt, le rock chantera des chansons de grand-mère Je me promène mentalement dans une petite tribu dans la cabane de bien-être où Kookum avait habité, où elle cherchait ses meules Son histoire est ancienne, l'intrigue usée, les pages aussi Les chaudes journées d'août où elle restait assise pendant des heures à moudre des cerises de Virginie. Elle fredonne doucement un cri puis écrase la purée de petites galettes sur des plaques,   les recouvre d'écrans pour éloigner les oiseaux,  les place sur le toit bas de sa cabane sous le soleil brûlant du Dakota du Nord  Après qu'elle a vidé son dernier halètement, elle secoue la poussière  Je porte un tablier  Je fais une pochette sur mon ventre pour y recueillir les baies basses d'une main, comme Kookum le fait À genoux devant un rocher plat, mes tresses attachées, je pile dans les fosses Au cœur de l'hiver prochain, je tremperai des galettes pour ensuite les faire frire  dans de la graisse de bacon, ajoutant

Umgibe

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  Michaël Booremans Réveiller le rêve est difficile Je n'ai plus d'aiguille en réserve Je traîne mon placenta derrière moi Je n'ai jamais demandé moins Chaque jour, il faut se resituer sur la map Certaines violences verbales ou physiques sont légitimes C'est devenu une question de bravoure La reconnaissance est extrêmement fine J'évoque des fémurs et je pense en triangles, aux échos de voix curieuses Cunt pour toute personne qui prend le passage en route Écrire sur la mort d'êtres chers doit être à peu près aussi vieux que l'écriture elle-même L'envie de le faire me titille mais me lie, également, instantanément au présent, à mon estomac Je me sèche avec une serviette où il y a des taches de sang, d es tripes au sommet Baissez les yeux Dimension arrière de textos imbibés de bordeaux Ici, on bâfre Babylone la vaste L'insensé doit être rassasié Couches de plastique, m astic et croûte Un zombie est une tête et un trou dedans Nous sommes faits de tant de

Saturn dévorant son fils

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Goya par Luke Chueh Il se trouvera des abattoirs flamboyants autant de fois que la raison s'évapore de la plus lourde des manières en un jour substantiel  N ous qui n'avons jamais eu de belle enfance, nous peindrons l'image d'un porc Une bête solide tout d'une pièce sans jointure et sans cou Tangage dans les bas fonds, l es balourds mastoc s'y entrechoquent  dévoilant des globes oculaires saisissants Bosse borgne, q uitte à mourir en épectase, l e goupillon et  l' étendard turgescents se dressent comme un seul homme Des muscles et des pierres, le buste droit, la poitrine gonflée à la recherche d'un artefact doré inappréciable Q ue Satan nous vanne dans son crible Les femmes frôlent sa robe en gai cortège Les petits enfants sautillent sous ses pas Des grues immenses crucifient le ciel Le feu à toutes les fontaines Nous sommes les hanteurs des mers fatales où s'échevèlent les couchers sanglants, les mers basses, hautes, étales, vers lesquelles on crie

Marqueur

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  Patricia Timmermans  Dans un coin du hall, une Polonaise à la tête fine et aux mains longues, assise seule, pleurait  Elle était une sorte d'anglophile ayant été captivée,  dés sa petite enfance, par les histoires du roi Arthur et de ses chevaliers  Elle se serait probablement sentie moins sombre si elle n'avait pas eu si froid,  mais, encore une fois, elle était arrivée insuffisamment vêtue Sans bas de laine, elle avait supposé, naïvement, acheter ce dont elle aurait besoin une fois sur place  Oh que tu étais maigre cette année terrifiante où je t'avais vue t'effondrer  Ta peau était vide comme un sac déchiré Le sel, débordant de tes os, insistait pour louer à nouveau la fidélité de ce corps à reconstruire Les yeux écarquillés, d'un glamour déconcertant, en rouge à lèvres et talons hauts, tu pouvais, jadis, entrer dans un mess militaire ou dans le bureau d'un politicien et persuader le plus dur et taiseux, le plus récalcitrant des hommes, de dialoguer Tu pouv

Non Troppo

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Qui veut être premier sera l'esclave de tous Avec un disque rayé, ailé, sculpté dans le pendentif uraeus d'Horus : couronne sportive d'une Haute et Basse Egypte réunies par des anneaux et des éventails de cérémonies incisés dans la roche Une tentative pour comprendre les extrémités,  les outils comme les formes humaines incarnées en un seul mot alphabétique  découvert  sous les dalles de basalte noire Du fantôme, bras levés par la fenêtre, la première moitié : regarde, je chevauche des siècles de fouets La seconde moitié : mes bras tendus vers l'avant comme si je m'inclinais Le fantôme est maintenant entier, les bras à plat sur le trottoir, les paumes vers le bas ARSINOE ALEXANDRE ALEXANDRIE Ni littéral ni presque tout à fait incorrect pour Karnak la cartouche Cajoler le mince panache d'une fumée prudente Les scripts coptes non encore lus dans les amorces arabes Nous n'avons qu'à faire rouler une pierre du haut d'une colline Nous n'avons qu'à

TKT

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    Mitch Epstein   Je pense que la bonne longueur d'une histoire courte est de poursuivre aussi loin que possible sans aller jusqu'à oublier le début Mais non Sire, vous n'avez pas besoin de les combattre ... Il suffit que vous arriviez à convaincre ceux qui ont des fourches que ceux qui ont des torches veulent les leur prendre