La nuit dernière

 

Hope Gangloff




Nous, en Occident, mangeons jusqu'à ce que voulions manger autre chose.
Il est rare que je m'arrête de manger quoi que soit jusqu'à ce que je n'ai plus rien.

Le chef d'une grande cuisine n'utilise que de petites assiettes.

Miauler pour la prochaine jusqu'à ce que la plaque soit détruite.
Ce chef est un Dieu dont les fidèles ne veulent que la destruction des ses miracles antérieurs
pour faire place aux nouveaux.

Chaque assiette effaçant la dernière,
il en met une devant moi alors même que la prochaine se présente.

Je m'étais retrouvée incapable de consommer les coquilles Saint-Jacques après réflexion.
Mettre de la pâleur pour un déguisement parmi des anges studieux...

Puis, le serveur m'apporta deux cookies de fortune.

J'avais décidé de n'ouvrir qu'un seul des deux, celui sur ma droite.
L'avenir est déjà assez traumatisant.

Cela disait en bleu sur une fine ligne blanche : 
tu dois apprendre à t'aimer.

Je suis beaucoup trop seule dans ce monde mais pas seule assez pour vraiment y consacrer du temps.
Nulle part, je ne souhaite restée courbée ou tordue,
comme la cruche de tous les jours, 
comme le visage de ma mère.

 J'avais reniflé ce cookie et avant de le manger, je l'avais pressé contre mon front,
car cela me semblait être la bonne chose à faire.

Le cookie était beaucoup moins sucré que ma psychiatre.
Mes dents avaient fait comme une lame qui m'avait coupée la langue.
J'avais dû recraché.

J'étais, soudainement, submergée par la certitude
que le deuxième cookie pourrait répondre à ma question.
Je ne l'avais pas ouvert cependant.
Je dois grandir à un moment donné.
Mon imagination ne peut pas toujours donner un coup de pied au destin
comme s'il s'agissait d'une parole lors d'une fête stupide.

L'emballage du cookie avait un coq imprimé dessus.
Le reflet de la lampe faisait un petit soleil serré. 

Ce qu'il reste à aimer, c'est la partie de vous qui est déjà morte.

Ma partie morte est d'ores et déjà très occupée à préparer le paradis ou l'enfer, pour le reste.
Alors que toutes les portes s'alourdissent, un grand lit blanc se dresse dans ma tête.
Là, où il y a de la glace, c'est cool pour deux.

J'ai récemment lu un poème coréen qui disait :

Aujourd'hui, je suis l'aîné.
Aujourd'hui, on boit du thé au sarrasin.
Aujourd'hui, j'ai de la chaleur dans mon appartement.
Aujourd'hui, je pense au mot chada.

(cela signifie donner un coup de pied)
Aujourd'hui, vous êtes plus jeune que vous ne le serez jamais.
Aujourd'hui nous sommes usés.
Aujourd'hui, vous portez le froid.
Votre peau est glacée.
Votre cœur bat fort contre votre peau.
L'hiver a brisé des vitres.
Aujourd'hui mon cœur vous porte comme des rideaux.
Aujourd'hui, il se remplit de vous.
Chada, dites-vous ?
 C'est du thé. 

Dois-je changer moins que toi ? Je throwback.
Devrais-tu changer moins qu'eux ? Tu throwback.

J'ai réalisé que l'éloignement sera temporaire et pour mon bien.
Le diamant de la patience ne peut pas être distingué de l'authentique, en brillant ou en dureté.

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