Loco



Parcourant mon enceinte, je traverse l'astrophore de mes rêves, 
La main sur le front, je passe, toute droite, dressant ma tête, avec un pas sonore qui inquiète

Saison sèche de sifflements, la loco tremble sur ses bases, cahote lentement,
dans une Europe vêtue de mille petits feux multicolores qui se mettent à l'ouvrage
dans une forge aux nombreux clameurs qui semblent sourire à mon habit clair,
lequel contraste, au demeurant, avec la moue à moitié vide que forme ma bouche

Mes mains égarées, mes genoux unis, en écoutant l'hymne éternel du nid, 
une mouche sur le papier, à pas menus, considère mes lignes inégales

Si l'objet souvenir existe comme tel, il est de mauvaise facture
où lentement passent les heures creuses comme lors d'un enterrement.
Masque mortuaire planté dans l'asphalte 

Je la sens trop l'amertume de mes pleurs,
écoutant encore le clocher pour qu'aujourd'hui mes oreilles s'inclinent
J'aimerais, en regroupant des souvenirs divers, voir mes rapides années s'accumuler derrière moi

Je me rappelle de mes tendresses vagues, de mes aveux fous, de ma franchise
prenant ma vie, la leur, la sienne et, comme inoccupée par l'âge que mon cœur a trompé,
 je me rappelle de ce jardin au Botanique où un incarnat léger illuminait mon visage,
traversant un orage où mon âme fut longtemps en proie à l'angoisse

Sonnez cloches sauvages au ciel sauvage
L'année se meurt dans la nuit
Sonnez cloches sauvages
Sonnez l'ancien, sonnez le renouveau
Sonnez le faux, sonnez le vrai 
Sonnez le chagrin qui sape l'esprit pour ceux qu'ici on ne voit plus
Sonnez une cause mourante et les anciennes formes de lutte entre les partis pris
Sonnez les modes de vies les plus nobles 
Sonnez les manières douces
Sonnez le besoin, le souci, la froideur infidèle du temps
Sonnez le ménestrel le plus complet
Sonnez le faux orgueil en place et à sang, la calomnie civique et le dépit
Sonnez dans l'amour la vérité du droit
Sonnez les formes de maladies infectes
Sonnez la convoitise réductrice de l'or

Il suffira d'un mot, d'un projet, nation ou loyalisme, qui balaiera sous le regard de l'homme choqué,
l'exaspérante poursuite sur ses pas pressés d'avancer
Nous n'en sommes encore qu'aux injonctions
Monter et descendre l'oscillation de ces réclamations
Le détestable vivre-ensemble ou les dérives du communautarisme imposé/opposé/proposé
 et les simples citoyens rumineront et paieront un rejet

Un autre jour où un ange passe dans le bocal à poisson rouge de récupération  
ce sont les Jeux Olympiques de la réhabilitation
Gais invités, abandonnez vos couverts
L'étranger, qui succède à l'endurance, surgissant d'une conscience commune, est chez lui chez nous

En sentiment, comme en bataille, le droit et les devoirs sont aux plus coriaces,
le sourire aux ravis
Se battre pour des marqueurs quotidiens plus forts, pour un effort, un dix parfait 
S'émerveiller des mouvements prudents et du miracle du progrès après une possible chute

Il y a des fils, plusieurs cordons qui pendent depuis un filigrane transparent
L'un mène au téléphone pour se nourrir
L'autre mène au poste de télé pour s'abrutir
L'un mène au web pour s'épanouir
L'autre aux ports IV pour les bras meurtris en peau de crêpe, pour les jambes vulnérables

Cherches-tu le repos, l'idéal que poursuit ton envie ?

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