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Saturn dévorant son fils

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Goya par Luke Chueh Il se trouvera des abattoirs flamboyants autant de fois que la raison s'évapore de la plus lourde des manières en un jour substantiel  N ous qui n'avons jamais eu de belle enfance, nous peindrons l'image d'un porc Une bête solide tout d'une pièce sans jointure et sans cou Nous sommes les hanteurs des mers fatales où s'échevèlent les couchers sanglants, les mers basses, hautes, étales, vers lesquelles on crie du profond de nos flancs Nous savons la splendeur des jours déracinés o ù des hommes de proie envahissent les rues, n ous qui portons le joug des aînés Nous donnerons la chasse de la Grande Mort, amoureux forcenés ne reconnaissant plus la cité Bosse borgne, q uitte à mourir en épectase, l e goupillon et  l' étendard turgescents se dressent comme un seul homme Tangage dans les bas fonds, l es balourds mastoc s'y entrechoquent  dévoilant des globes oculaires saisissants Des muscles et des pierres, le buste droit, la poitrine gonflée...

Drift

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Michaël Borremans I. Le premier cheval Le choléra grouillait, invisible à travers l'eau, tapi dans les puits et les fontaines, se tortillant dans les ordures et les excréments Des vers infinitésimaux perçant les intestins, jusqu'à ce que toute l'eau et le sel se déversent du corps, jusqu'à ce que le corps devienne un ver se ratatinant et se tordant, jusqu'à ce que la peau brûle comme une flamme La mort bleue, visage caché dans un bandana, creusait des tombes avec les fossoyeurs qui tombaient un à un dans des trous qu'ils creusaient pour d'autres morts Des médecins étaient décédés également en voyant les signes dans le miroir, la main tremblante sur le rasoir II. Le deuxième cheval Le médecin était descendu du bateau, de retour de Paris, l'humidité de la peste scintillant dans sa barbe Il avait vu sa belle-mère qui l'avait nourri s'enfoncer dans un monticule de terre, son corps vide comme l'enveloppe d'une sauterelle en période de sécheres...

Close up

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Sara Birns La bienveillance d'une page blanche est infinie Marie est accrochée au porte-manteau Sale, inutile, moche comme une chose éculée, délaissée C'est le grand jour des commérages grâce au malentendu qui, sur nous deux, règne en maître À cette voyelle, il faut payer dommage Son hypersensibilité s'est muée en insensibilité Je refuse d'être acclamée Non Je n'étais pas occupée lorsque tu es venu Ton assiette t'attend Tiens Prends ce coussin de brocart en soie rouge Mon enfant servira de l'eau à ton cheval Les Berbères disent que  lorsqu'un étranger se présente à votre porte, il faut le nourrir pendant trois jours  avant de lui demander qui il est, d'où il vient,  où il va De cette façon, il aura assez de force pour vous répondre Ou bien vous deviendrez, en un bref laps de temps, de si bons inconnus que vous vous en ficherez beaucoup du fond et de la forme de son vécu Pour l'amour de Marie, je m'étais tenue debout sur un tas fumant de kl...

La fabrique de la félicité

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Aleksandra Waliszewska Un corps en fleurs à la fraiche corolle Baiser le bec de la muse, belle et fière, portant des palmes en main Chanter la femme, chanter en son honneur, baiser cette main qu'elle daigne vous tendre Place au bal et au triomphe L'échafaud est bon Il ne faut pas trop de lumière Plonge sans vergogne dans ton costume de nuit C'est au fil de leurs désirs qu'ils se multiplièrent par mille Debout devant un volcan, le chaud du magma, rougeâtre et gonflant, fruit rouge abreuve la régalade Une silhouette qui trace la crevasse malaxe l'oxygène et le sang La bouche parfaite sous un rouge puissant Une femme infidèle à ses racines, décrochée de toutes réalités, aux airs de déesse atmosphérique, paiera de son sang véritable Des couloirs pareils aux veines, dédale sombre du taureau, elle ne recevra pas de monnaie percutante Penche donc ta tête ravissante, amante au cœur pur  Devant une telle grâce, on se retourne et on admire Aucun stoïque, insensible à cet enth...

Maria

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Mère des 7 douleurs J'ai retiré ce radium L'enfant Tout l'aréopage Payable L'affaire est consultée D'office

Filuteria

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Ursula Kluz Knopek L'apport épique est en désamour un court extrait qui concourt l'épine Découvrir, rongés, ce qui est d'ores et déjà concocté Notes de flûte roucoulantes, jaunes d'œuvres congelés dans le frigo Jeudi tarte J'attends une sursaturation, un élan de force centipède qui pourrait évoquer une importance des choses La conscience de trop de soi ne menant nulle part  J'ai l'impression de me déplacer dans le monde avec ma chemise devant moi,  la remplissant d'images et de cailloux Je serais obsédée par la méchanceté Je sens que j'accroche à ce deux pas par quatre Oh, j'ai écrit le mot en S avec l'envie d'avoir un médium esthétique auquel être la plus perméable Aimer tous les hommes en un seul con Les rêveurs fuiraient les bruits enjoués si tous les hommes étaient de bonne race Un genre de maladresse bruyante et urgente ornée d'un décor sensationnel Des babioles de genre et de formes qui enchaînent des pertes de liens familiaux, ...

Relique érodée

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Agent de l'idéal De l'improbable genre humain Rendant haine pour haine Et dédain pour dédain Gémissant sur la dernière image dorée De ta pauvre mère mourante Que tu n'as hélas pas pu sauver Quelle hideuse besogne Héros d'une comédie Que ce curieux échange De nos deux fantaisies   Dans ton chagrin domestique  Au moulin de la ruine Cherchant de ta main gauche Abandonnant ta main droite À soulever ton verre  Sous un poids accablant Voilà maintenant que tu chasses toutes femmes Tes ambitions subsistant tristement Tant il n'est question que de mine punitive Tu les souhaiterais imperméabilisées Que la grâce et la bonté roulent sur elles Sans rien mouiller Comme font les gouttes d'eau Sur la toile cirée Alors qu'elles sont un ouragan de chair vivante Qu'un port aurait beaucoup de peine à contenir Il faut bien qu'un jour elles bouillissent Après avoir été ensevelies de précautions Amidonnées Repassées en quatre Encroûtées pour certaines Tombant en poussières...