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Delta

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Mauritz Cornelis Escher - Ciel eau - 1938  Quand entre pantalon de gamin et chemise de jeune adulte tu étais devenu habile, je te répétais qu'en allongeant ton échine, ton torse, t u montrerais mieux tes fesses. Tu palpes tes clefs comme tu palpes ton membre. Du sang et du sperme versés sur le fer du manche de ta serrure. Dans ta nature contemplative, dans ton brouillon intuitif, insupportable, le regard enjolive toute chose qui l'entoure. Tu avais demandé à tes jeunes confrères, e n mal de brises fines, un soir que tu étais presque nu : Suis-je conforme aux traits, aux défauts, aux qualités que l'on me prête ? Ils t'avaient souri : Après-demain. L'idée de l'aristocratie ou du plouc, motivée par la condescendance avare ou généreuse. Ne seraient-ils que des hâbleurs ? Des enflures ? Est-ce la même chose ? Tu n'avais pas oublié ce Rog house rouge tranquille avec la fenêtre toujours fissurée et ouverte, même en hiver. Souffrir à l'aveugle de paroles inaudib...

Burden

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Marlène Dumas - Billie À la racine de toute grande culture se trouve un chant de vie, une épopée sacrée C'est étrange combien, et depuis combien de générations un peuple puise dans cet héritage essentiel La source, le standard du langage est bien plus que le langage : l'épopée, comme un mode musical, possible développement symphonique de tout âge de l'histoire De tels poèmes étaient vécus et pensés, chantés avant d'être écrits, alors seulement ils devenaient des écritures Parfois un Dieu vous parle Dans les étincelles noires de particules de poudre, du feu sous-jacent, le substrat de sa poésie, le feu voilé du Christ Un homme attend sa fin redoutant et espérant tout Plusieurs fois, il est mort Plusieurs fois, ressuscité Les cloîtres avaient peint sur leurs murs la Vérité sacrée de l'Ecriture Sainte Ces images avaient réchauffé le cœur des hommes de foi et apaisé le froid à l'intérieur de leurs cellules rigoureuses La parole du Christ était prospère Plus d'un...

Interruptif

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Ginkgo, peuplier, pin oak, sweet gum, tulipier Mes émotions sont vivantes et ressemblent à des feuilles Je nourris leurs formes Avez-vous ressenti l'étendue et les contours le long d'un grand érable de Norvège ? Avez-vous grimacé devant la fusée orange ? Brûler les courbes d'un cornouiller de curling ? J'ai vu des îles aériennes, chacune avec un réseau de routes de graviers ramifiés Je connais le plaisir dans les veines d'un poirier à sucre J'ai parcouru les bords de feuilles qui n'ont pas de nom, là où la lumière est fraîche, là où l'air est humide Je me souviens encore de l'herbe à la fièvre de miel pour arrêter les abeilles folles dans l'enclos des lapins J'essaie souvent de penser, à quel doux mois, les langoureuses dames repeintes avaient l'habitude de tacher la route jaune d'un adieu dévalant la principale Quelles semaines, quels mois, à quelle heure de l'année, j'avais triché à l'école pour avoir une aventure au som...

Contention de l'esprit

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Michaël Borremans  Secoue au moins le vide insultant qui te borne Avec l'œil nébuleux d'une revêche nuit. Ne goûte plus jusqu'à vomir le crachat morne Du médiocre qu'étouffe une écharpe d'ennui. Hume tes mots, sème ta voix, hisse tes rêves, Décapite les murs flageolants à moitié, Et fais encore en magicien des blondes grèves S'élargir sous ta foi l'horizon tout entier.  Que peuvent les corbeaux que la vermine écrase ? N'es-tu pas né pour vivre et plus noble et plus grand, Né pour saisir et mordre au sel de toute phrase Un peu du cœur naïf d'un soleil pénétrant ? N'es-tu pas là, si fort et si plein de toi-même, Si royalement jeune et constellé d'ardeurs, Oui tellement chéri par l'immensité même Qu'un enfant y boirait ses futures splendeurs ? Le monde est vieux, bien sûr, mais l'aube n'a pas d'âge. Les jours sonnent, vêtus comme d'amples secrets. Au-delà de tes mains, l'heure en vagabondage Imprime à chaque élan on n...

Infuus

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Sebastian Bienek  Je ne peux malgré tout pas voir mes empreintes digitales sur cette poignée de porte, ce cœur de chrysoprase  Tirer ce fil invisible, halo rejeté. Me souvenir d'une lumière dans ma tête, certains rêves deviennent malades Ici, à genoux, je cherche un animal Un mauvais rein ou deux Déchirer une pomme d'Adam jusqu'à ce que la flamme s'éteigne, qu'elle s'enfonce Ici, personne n'a tiré une lame contre le ruban du désir et du plaisir Le rythme dans les mains, des ciseaux à découper du papier, je tire une lame contre ce ruban et le ruban jaillit en une boucle de spirale quand je le relâche Aucun corbeau ne pleure les plumes perdues Une pie le pourrait mais je ne suis pas une pie noire et blanche capable de reconnaître son propre reflet,  corvidé sensible parmi les loups assis tout autour Dans l'œil, une goutte de pluie refaite comme une aiguille aussi pointue qu'une lame  Son mouvement étire les objets Incarner l'évolution de bactéries ...

Bestiau

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Il s'agit de sang, de neige et même de pellicules. Les étrangers savent.  La rencontre et la consommation de peau lancent tous les navires. Partout une nation attend un radeau en carton qui s'imprègne. Partout un verre d'eau.  Nager avec les morts vers des ligues qui ne peuvent pas être atteintes.  Grandir et briser le chagrin en îles de pierre cuite au soleil,  immergées dans le sel des baisers usés par l'ardeur de l'Océan implacable comme tout amour fort.  Café à base de tortillas brûlées de charbon noir et tendues à travers un chiffon. Rien que des tortillas pour apaiser la faim et des haricots bouillis sur le feu qui illuminent les visages, réchauffent les ombres.  Deux hommes frissonnent, tasses à la main comme deux petits foyers d'eau. Bougies en sucre pour le voyage.  Deux Nicaraguayens qui écarquillent les yeux comme des chats des rues.  Ils parlent à peine. Ils fixent le sol, ses fissures et crevasses, la cendre de bois carbonisé. Un...

Objectal : Animatus

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Most of the Ones we killed The Ones we hate the most Most of the Ones we used The Ones we loved the most One day We'll give everyone knives and guns  And let them kill each other And the people who remain Will be the the rulers of the mankind