Bailey

Michael Borremans. Ballon 2. 




La lune,
 Petite pelote de ficelle dans le zodiaque,
Comme un ressort agréable,
 Donnant l'impression d'être délivrée
De cette peine rendue publique et urgente,
Est plaquée contre un mur de la cour de la clinique
Où sont alignés inégalement quelques chariots.

Dans le blanc champs clos
De sa dernière résidence connue,
Les pas nombreux,
 Les murmures s'entrecroisent,
Se rapprochant des grilles blafardes de son lit.

Clinique, hôpital,
 Hôpital, clinique.
Souriante pension cynique.

Une suite logique :
 Issue de sa mémoire,
Qui dure à être vive,
Avait été dressée devant elle
Parmi les nombreuses tours aux mille fenêtres
Et jardins verdoyants.

Semblant d'hotel de vacances 
Accueillant les cafés des machines électriques
Au goût de larmes amères et nauséeuses.

Tandis qu'elle se cramponne péniblement
Aux lumières de son âme,
Résistant à une énième glauque bouffée délirante
 Dans ses draperies,
Les sorties de route n'ont jamais si bien porté leur nom,
Les escales leur fin
 Dans ce labyrinthe blême.

Comment entretenir son dernier moral
Dans toute cette odeur épouvantable et chimique,
Dans ce régiment de bistouris et de scalpels,
De lits en nombre,
De soupes sans sel en batterie,
De cantines roulantes,
De vendeuses de dîner de cérémonies ?

Deux sœurs dans une chambre,
Songeant à une antique famille de seigneurs,
Cousent un châle des prairies :

Bonté terrestre.
Signe de croix.
Agonistique d'état,
Alors que l'heure avançe,
Interrompue régulièrement
 Par un glouglou fiévreux,
Par un marbre frisson
Qui secoue la charge corporelle
De la patiente tributaire.
Les veines solaires recouvertes, 
Blottie dans l'ardeur inquiétante,
D'un coucou crucifix.

 

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