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Jenny Saville - Reverse

Ils apparaissent sur la place s'imposant sauveurs du roi mais pas d'eux-mêmes
Fiers sur leur piédestal bâti comme un factotum, comme un blockhaus de pierre robuste
où leurs noms miroitent sur une plaque
Ces enflures

 Leurs mâchoires exaltées, leurs mentons balourds, leurs poings taillés à fêler
et à fendre en deux toute amorce
Force en main dés qu'ils asphyxient et enchaînent dans hier le lendemain bruyant et phonique
de cassantes fanfares, scrutant quels feux d'éveil, quelles volontés se carrent en angles droits
Ils s'abreuvent à la fontaine de la haine sans jamais implorer le pardon

Une nouvelle fois, nous y voilà, en présence du tyranneau et de la révoltée
Ils sont la loi et nous ne sommes que la prépondérance

De leur âpreté équivoque, de leur austérité, fleurira un œil doux et une explosion de candeur

Comme de simples animaux qu'ils enfermèrent, l'automne dernier, au sein de la nature, 
las de trop végéter, l'âme intrépide, nous ne laisserons jamais engourdir ce lieu qui nous a vu naître,
avec le besoin de connaître, en êtres débauchés,
rectification obscène et obsolète d'une négation,
de contempler cet ennemi passionné 

Le voir sortir du fond obscur du bois, dans un Eden qu'ils pourront tenter de claquemurer
mais qui ne trompera pas notre dessein résistant à leurs courroux

De leurs sourcils charmants comme un soir de couvre-feu oppressant,
un philtre des plus forts ravivera notre coussin
Les têtes penchées, les sangles, les attaches ankyloseront à peine nos appels d'air exténués
par ce tollé délétère
Tout le vocabulaire imaginatif des sons est déjà enterré en soi
Suivre juste les petits chemins à travers les herbes que d'autres ont déjà parcourus

Nous venions vers toi après un long voyage
Nous errions en pleurant
Nous portions une plaie à chaque endroit sensible, la main téméraire sachant où nous blesser

Nous aimerions que de tes dents tu crèves, archet jouant sur les nerfs
Que ton visage s'estompe dans ces matins escamotés au réveil lorsque tout tourne à rien
Et que dans un dernier supplice, étranger à l'amour universel,
impossible ascension vers demain,
un autre que toi vienne pendant que les corbeaux font s'évaporer les soleils
qui gisent sur la paille des astres de ce jour dont dépend notre prochaine postérité

 

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