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Membrane tendue

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  Wim Delvoye  Il en existe plusieurs qui se sont cassés le coccyx, pauvres moustiques qui grillent sur la vitre,  sur la place où ils étaient, auparavant, des petits garçons et des filles sages  Ils sont d'une violence, ils ont bien appris. Réfléchissant une fougère décomposée, ce duvet des filles pugnaces qui suivent le vent qui tourne. L'espérance, ce mot d'enfance, n'existe quasi plus La première est morte, la deuxième est morte À cet instant, nous ne savons pas où se situera la suivante  Dans le souffle du vent putride et tiède de juillet filent des visages blancs qui effleurent de leurs doigts calleux des moucherons fins  Voici des grands qui prennent des scorpions pour des lanternes, qui écoutent parler Aladdin, qui discutent de respectueuse cérémonie, de familiarité grossière, faisant voltiger des paumes imaginaires dans les faces De leurs fronts bombés, ils font gagner des rictus aux pauvres anonymes qui hersent. D'une pointe de feutre inopérante, qui ne sa

Relique érodée

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Agent de l'idéal De l'improbable genre humain Rendant haine pour haine Et dédain pour dédain Gémissant sur la dernière image dorée De ta pauvre mère mourante Que tu n'as hélas pas pu sauver Quelle hideuse besogne Héros d'une comédie Que ce curieux échange De nos deux fantaisies   Dans ton chagrin domestique  Au moulin de la ruine Cherchant de ta main gauche Abandonnant ta main droite À soulever ton verre  Sous un poids accablant Voilà maintenant que tu chasses toutes femmes Tes ambitions subsistant tristement Tant il n'est question que de mine punitive Tu les souhaiterais imperméabilisées Que la grâce et la bonté roulent sur elles Sans rien mouiller Comme font les gouttes d'eau Sur la toile cirée Alors qu'elles sont un ouragan de chair vivante Qu'un port aurait beaucoup de peine à contenir Il faut bien qu'un jour elles bouillissent Après avoir été ensevelies de précautions Amidonnées Repassées en quatre Encroûtées pour certaines Tombant en poussières

Cuboïde

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Maurits Cornelis Escher  Comme un son érafle le sol, semblable au moineau avant l'orage piane-piane, susurre et file,  étale en fuyant sa biffure empoisonnée, tel bec le capte,  dolce dolce,  et vous le place en l'oreille astucieusement Vous devinez le mensonge pointer,  flûter,  gonfler,  amplifier à vue d'œil Il s'élance et élargit son vol,  tournaille, attache, produit, craque, tonne puis, devient un appel général,  une montée publique,  une chorale d'animadversion L'acrimonie, ainsi faite, féconde, germe,  lanterne, progresse, et,  rinforzando,  de gueule en gueule,  il va le succube A quoi sert-il de s'y intéresser puisque toutes ces petites arcanes discutent ouvertement dans un langage se voulant codé  mais qu'on devine aisément railleur Ils se mettent à exploser de rire devant le dynaste fourbe et ne savent plus exactement pourquoi la minute qui suit   Si leur mentor se moque, ce fastueux équipage de vieux singes de cour le fera aussi S'il bou

Drift

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Michaël Borremans I. Le premier cheval Le choléra grouillait, invisible à travers l'eau, tapi dans les puits et les fontaines, se tortillant dans les ordures et les excréments. Des vers infinitésimaux perçant les intestins, jusqu'à ce que toute l'eau et le sel se déversent du corps, jusqu'à ce que le corps devienne un ver se ratatinant et se tordant, jusqu'à ce que la peau brûle comme une flamme. La mort bleue, visage caché dans un bandana, creusait des tombes avec les fossoyeurs qui tombaient un à un dans des trous qu'ils creusaient pour d'autres morts. Des médecins étaient décédés également en voyant les signes dans le miroir, la main tremblante sur le rasoir. II. Le deuxième cheval Le médecin était descendu du bateau, de retour de Paris, l'humidité de la peste scintillant dans sa barbe. Il avait vu sa belle-mère qui l'avait nourri s'enfoncer dans un monticule de terre, son corps vide comme l'enveloppe d'une sauterelle en période de séc

Lakei

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Michael Booremans Quatre races nous adoreront Soleil, feux et témoignages des trois triangles d'or   Héros à l'allure courageuse du loup, monstrueuse bête à la force du sanglier, ce n'est plus un scandale impérieux que de s'éteindre dans un noir stage et séjour De ne plus se sentir vivant qu'à moitié dans toutes les affections du jour Une petite musique progresse auprès des enfants sans âge Si elle n'est qu'une caresse, son auteur est vorace Les guêpes digèrent leurs sorties La plupart des entomologistes ne lisent pas assez Victorien  Des histoires de mutuelle incrimination  Les filles grandissent fort de se toucher Détester celui qui pourrait offrir un brillant univers Si seulement, nos désirs demandaient ce soin La forêt a toujours le souhait qu'on l'invoque Si de loin elle émet une cri, faiblement, partout nous l'entendons Si Darunia est une danse baroque, misons sur les tambours Fantaisie qui, un jour, toucha un cœur de roc, régal des balourd

Pink turns Pink

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Il y en a une au sommet de la tête de chacune des filles De toute évidence, ils jouent à ce jeu depuis un certain temps Il n'y a qu'une fille dont la dinde est encore pleine d'air Cette fille est la fille D Le jeu s'appelle Duck, Duck, Turkey Ils font le mouvement "ça" et faire en sorte que ce "ça" se promène à l'extérieur du cercle des filles assises En tapotant sur la tête de leur dinde tout en disant : canard, canard, canard, canard ! jusqu'à ce qu'ils disent dinde ! En frappant la dinde sur la tête d'une fille p uis en courant autour du cercle, en essayant de s'asseoir dans l'espace libre du cercle avant de se faire toucher La position générale, ici, est basée sur la conviction inébranlable que jouer à ce jeu va conduire à une société meilleure et plus juste pour tous Une fois que la dinde sera dégonflée et bien que la plupart des dindes seront pour la plupart dégonflées, aucune des filles ne pourra s'empêcher de jeter

Oba

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Michaël Booremans Désormais, ils récitent avec un troll accroché, perché sur l'épaule et ce troll leur murmure des insanités à l'oreille Il est une sorte de gremlin affamé et appauvri, moitié mauvaise conscience et moitié tendance Comme les miséreux qu'on voit courbés sur les trottoirs, cherchant d'invisibles miettes de crack dans les fentes du pavé, le troll prend son songe, son rêve, pour la réalité  Air du temps qui traque la faille, la faiblesse, par où il cognera Il croit lutter contre le mal, on en picore les effets Le troll se développe en mode coupable, la blague maladroite, le mot déplacé Dés qu'ils croient identifier un air problématique, ils sortent l'artillerie lourde Tout ce qu'il ne sait pas braver dans la vraie vie, sa faiblesse, sa honte, son extrême droite à "55 %" d'intentions de vote, il peut enfin tenter de l'oublier,  en adoptant une posture de supériorité morale sur un ennemi imaginaire La vanne d'un humoriste, le