Oba

Michaël Booremans

Désormais, ils récitent avec un troll accroché, perché sur l'épaule
et ce troll leur murmure des insanités à l'oreille.
Il est une sorte de gremlin affamé et appauvri,
moitié mauvaise conscience et moitié tendance.
Comme les miséreux qu'on voit courbés sur les trottoirs,
cherchant d'invisibles miettes de crack dans les fentes du pavé,
le troll prend son songe, son rêve, pour la réalité. 
Air du temps qui traque la faille, la faiblesse, par où il cognera.
On aperçoit les reflets.
Ils croient lutter contre le mal, on en picore les effets.
Le troll se développe en mode coupable, la blague maladroite, le mot déplacé.
Dés qu'ils croient identifier un air problématique, ils sortent l'artillerie lourde.
Tout ce qu'ils ne savent pas braver dans la vraie vie, leurs faiblesses, leurs hontes,
leur extrême droite à 55 % d'intentions de vote, ils peuvent enfin l'oublier,
 en adoptant une posture de supériorité morale sur un ennemi imaginaire :
la vanne d'un humoriste, le tweet d'une vedette ou le post d'un camarade.
Ce phénomène ne datant pas des réseaux sociaux, les oreilles ont des paupières, le troll est utile.
Se faire exécrer est le prix à payer pour ouvrir sa grande bouche.
Il préfère souvent avoir raison, dans l'indécence ou l'impudeur morale,
au lieu d'assumer une quelconque responsabilité.
L'élimination de l'autre, même symbolique et drôle, ne devrait jamais être l'objectif d'un camp.
Penser à tourner sept fois son lance-flammes entre les doigts.
La censure, la dramatisation surjouée et les postures moralisantes sont l'apanage des puritains,
pas des progressistes.
Il joue, contre les images pieuses, la carte son du tremblé, la contradiction,
la contrariété, voire trop souvent l'humiliation.
Les puritains d'aujourd'hui comme les Tartuffe d'hier seront toujours les pires ennemis 
de tout ce qui questionne l'ordre immuable.
Le son ne promet pas la vérité.
Il doute, il propose.
À nous de trier dans le tas.



Posts les plus consultés de ce blog

Cupidon endormi

Non Troppo

Drift

Anima et Spiritus

Brise menu

Breik

1 et 0

Moi touche-moi touche-moi seulement

Membrane tendue