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Interruptif

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Ginkgo, peuplier, pin oak, sweet gum, tulipier Mes émotions sont vivantes et ressemblent à des feuilles Je nourris leurs formes Avez-vous ressenti l'étendue et les contours le long d'un grand érable de Norvège ? Avez-vous grimacé devant la fusée orange ? Brûler les courbes d'un cornouiller de curling ? J'ai vu des îles aériennes, chacune avec un réseau de routes de graviers ramifiés Je connais le plaisir dans les veines d'un poirier à sucre J'ai parcouru les bords de feuilles qui n'ont pas de nom, là où la lumière est fraîche, là où l'air est humide Je me souviens encore de l'herbe à la fièvre de miel pour arrêter les abeilles folles dans l'enclos des lapins J'essaie souvent de penser, à quel doux mois, les langoureuses dames repeintes avaient l'habitude de tacher la route jaune d'un adieu dévalant la principale Quelles semaines, quels mois, à quelle heure de l'année, j'avais triché à l'école pour avoir une aventure au som...

Contention de l'esprit

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Michaël Borremans  Secoue au moins le vide insultant qui te borne Avec l'œil nébuleux d'une revêche nuit. Ne goûte plus jusqu'à vomir le crachat morne Du médiocre qu'étouffe une écharpe d'ennui. Hume tes mots, sème ta voix, hisse tes rêves, Décapite les murs flageolants à moitié, Et fais encore en magicien des blondes grèves S'élargir sous ta foi l'horizon tout entier.  Que peuvent les corbeaux que la vermine écrase ? N'es-tu pas né pour vivre et plus noble et plus grand, Né pour saisir et mordre au sel de toute phrase Un peu du cœur naïf d'un soleil pénétrant ? N'es-tu pas là, si fort et si plein de toi-même, Si royalement jeune et constellé d'ardeurs, Oui tellement chéri par l'immensité même Qu'un enfant y boirait ses futures splendeurs ? Le monde est vieux, bien sûr, mais l'aube n'a pas d'âge. Les jours sonnent, vêtus comme d'amples secrets. Au-delà de tes mains, l'heure en vagabondage Imprime à chaque élan on n...

Infuus

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Sebastian Bienek  Je ne peux malgré tout pas voir mes empreintes digitales sur cette poignée de porte, ce cœur de chrysoprase  Tirer ce fil invisible, halo rejeté. Me souvenir d'une lumière dans ma tête, certains rêves deviennent malades Ici, à genoux, je cherche un animal Un mauvais rein ou deux Déchirer une pomme d'Adam jusqu'à ce que la flamme s'éteigne, qu'elle s'enfonce Ici, personne n'a tiré une lame contre le ruban du désir et du plaisir Le rythme dans les mains, des ciseaux à découper du papier, je tire une lame contre ce ruban et le ruban jaillit en une boucle de spirale quand je le relâche Aucun corbeau ne pleure les plumes perdues Une pie le pourrait mais je ne suis pas une pie noire et blanche capable de reconnaître son propre reflet,  corvidé sensible parmi les loups assis tout autour Dans l'œil, une goutte de pluie refaite comme une aiguille aussi pointue qu'une lame  Son mouvement étire les objets Incarner l'évolution de bactéries ...

Bestiau

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Il s'agit de sang, de neige et même de pellicules. Les étrangers savent.  La rencontre et la consommation de peau lancent tous les navires. Partout une nation attend un radeau en carton qui s'imprègne. Partout un verre d'eau.  Nager avec les morts vers des ligues qui ne peuvent pas être atteintes.  Grandir et briser le chagrin en îles de pierre cuite au soleil,  immergées dans le sel des baisers usés par l'ardeur de l'Océan implacable comme tout amour fort.  Café à base de tortillas brûlées de charbon noir et tendues à travers un chiffon. Rien que des tortillas pour apaiser la faim et des haricots bouillis sur le feu qui illuminent les visages, réchauffent les ombres.  Deux hommes frissonnent, tasses à la main comme deux petits foyers d'eau. Bougies en sucre pour le voyage.  Deux Nicaraguayens qui écarquillent les yeux comme des chats des rues.  Ils parlent à peine. Ils fixent le sol, ses fissures et crevasses, la cendre de bois carbonisé. Un...

Objectal : Animatus

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Most of the Ones we killed The Ones we hate the most Most of the Ones we used The Ones we loved the most One day We'll give everyone knives and guns  And let them kill each other And the people who remain Will be the the rulers of the mankind  

Palette au couteau

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  Salman Khoshroo. Blanc sur Blanc. La joie est venue de partout Rose le peau de pêche, rose à la pomme, blanc à la poire Voile après voile, lutte pour les criquets plumeux Babillage de décembre Panache jaune pour les saules Doux comme un spray de Ventoline Langues des amoureux de la châtaigne, des peupliers Cheveux soufflés par le vent Chênes et sycomores nus, sans confort, endoloris par l'acier, par l'observation sombre et vieille Les arbres sont témoins de tout         Courtiser les robes des hêtres, des mélèzes éclaboussés d'or, jusqu'au souffle d'amour du lilas Si les indisciplinés sont mon besoin, qui reconnaîtra un imbécile essayant d'imiter la flèche avant de lâcher l'arc ? Le mépris érige un large cadre que presque tout le monde peut traverser Ne tente pas ce voyage sans un fouet pour l'effort Pause Les étoiles astrales et pâles sont apparues au cornouiller Les brumes sont devenues pink sur le rouge Bud Nous sommes tordus et tordus Le sommeil es...

Anima et Spiritus

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Takahiro Komuro - Vortex - 2019 Il est extrêmement rare que ce qui a l'air de représenter une avancée n'implique pas simultanément un recul. Si le progrès ne réside plus guère que dans les moyens, qui ont tendance à augmenter sans cesse,  il n'est pas surprenant qu'on le rencontre à chaque pas, avec le sentiment de rencontrer en réalité à chaque fois autre chose que lui. L'impression qui résulte de ce qui se passe est que le progrès est partout, et que pourtant sa physionomie ne peut plus être reconnue nulle part.  (Jacques Bouveresse - Le mythe moderne du progrès)