Martin Boisvert Ginkgo, peuplier, pin oak, sweet gum, tulipier. Mes émotions sont vivantes et ressemblent à des feuilles. Je nourris leurs formes. Avez-vous ressenti l'étendue et les contours le long d'un grand érable de Norvège ? Avez-vous grimacé devant la fusée orange ? Brûler les courbes d'un cornouiller de curling ? J'ai vu des îles aériennes. Chacune avec un réseau de routes de graviers ramifiés. Je connais le plaisir dans les veines d'un pommier à sucre. J'ai parcouru les bords de feuilles qui n'ont pas de nom, là où la lumière est fraîche, là où l'air est humide. Je me souviens encore de l'herbe à la fièvre de miel pour arrêter les abeilles folles dans l'enclos des lapins. J'essaie souvent de penser à quel doux mois les langoureuses dames peintes avaient l'habitude de tacher la route jaune d'un adieu dévalant la principale. Quelles semaines, quels mois, à quelle heure de l'année, j'avais triché à l'école pour avoi