Ovonal

Egon Schiele

Où d'autre les souris courent-elles le long des os d'un canapé,
parmi les ressorts hélicoïdaux et la réserve de nourriture ?
 Où d'autre un corps peut-il avoir une enveloppe et se sentir 
comme dans la cage thoracique d'une souris, cassante mais planquée ?

Vous vous réveillez et les bougies s'allument subitement
Prendre la première des neuf, la bougie la plus éloignée à droite
Une rangée de grandes bougies maigres creusant des trous dans l'obscurité,
dans la gêne du travail acharné et dans le reste
La pluie molle crache là où il n'y a presque plus de cire

Dans chaque flamme, des héroïques Maccabées,
des souvenirs fabuleux jusqu'à ce que la bête en l'Homme nous apprivoise
Les tyrans s'inclinent sous la puissance du phénix de Faith, l'omnipotence du droit 
Vingt siècles entiers ont roulé dans le gouffre du Temps depuis ces héroïques,
 ces victimes d'Epiphane qui portaient la couronne du martyr
 Abattu sous le talon syrien,
 le sceptre de Sion avait-il menti pour des images de pierre et d'argile, pour gonfler l'holocauste ?

Il flotte au-dessus de tout, des cheveux jaunes et des fusées oranges
Leur congrégation est une lévitation de poussière brillante, de feuilles fines et dentelées
À l'extérieur, des pins ponderosa portent des nœuds rouges

Comme un livre de prophétie, notre corps est une constellation de douleurs
Personne ne traverse son histoire sans être piqué ou sans trébucher, dans le brouillard blanc,
à la recherche de la doctrine de son propre souffle, cette cousine de l'absence vu de l'espace
Envoyer des syllabes, des lettres dont nous ne manquons pas,
 des mots déshabillés qui n'ont pas encore trouvé de composition adéquate
Honorer un jour passé, la perte d'une grande leçon
Il n'y a pas un endroit qui ne se noie tôt ou tard dans les indigos
Nos orbites grouillant dans le crâne comme un nid de guêpes 
Des spectres sont déchus,
 des vers étincelants essayant de filer à travers la carne, là où aucune carne ne recouvre les os


Ne crains pas la douleur mon doux garçon
Il est facile de détester ce qu'on nous donne
Une chandelle entre tes cuisses avivera le bel âge
Découvrir un duvet, jeune fille, sur les crânes, sur les pouces,
sur les manteaux d'hiver, sur le film du prochain printemps qui nous pend aux paupière

Pousser l'imagination à gravir l'escalier de secours et à lever les yeux vers les cieux sans Dieu,
à s'émerveiller devant le ciel ordinaire
Parce que mars est une maison froide
Un mois abandonné pour des factures, une courtepointe de fils effilochés,
pour une autre frénésie de semaine qui s'annonce



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