Goush

Même les arbres ne sont pas irréprochables.
Ils choisissent leur camp, abritent une conspiration et prêtent leurs membres au massacre. 
Sur ces articulations vertes des montagnes, ils ont fait une retraite
pour les écrivains et les artistes de fibre, les potiers, les lapidaires,
et certains des racistes les plus célèbres de l'histoire
Des gens si profondément atteints qu'on ne sait plus clairement comment ils se casseront

Je serais prête à brûler régulièrement cette robuste cabane si propre qui m'avait été offerte pour abri
car il n'y a plus beaucoup de place sur cette bonne terre verte, aux yeux des horreurs évidées

Qui d'entre nous peut se retirer ?
Qui cherche à battre par une hâtive les conséquences d'un examen ?
Comment faire la paix quand même nos retraités choisissent leur camp ? 
Recruter des féculents sudistes pour parrainer l'apartheid dans un pays sanctifié

Au début, cet endroit abritait des voyageurs, des organisateurs et des collecteurs de fonds du b'nai b'rith,
des financiers, des milices de jeunes, pour nettoyer les maisons et vider les villages.

Dans ces affrontements grâcieux, sous le doux souffle des branchages,
 sur des terres conquises par Sion, les mains de propagandiste d'un clan, ami des présidents, 
fournissent une archive partielle dans un refuge construit entre deux calculs : 
Quelles lignes sont assez pointues pour percer la couverture ouverte aux crimes ?

Près d'une étagère, encadrée sur le mur, une plaque gravée est célébrée 
Chaque étagère rêvant de gloire des deux nations
Chaque étagère complice parmi les ruines
Chaque étagère est un recrutement pour l'Histoire

L'angoisse, ce n'est pas le temps qui passe mais le temps qui ne passe pas
L'élan vital qui se retourne contre lui-même 
Souffrir du mal du temps,
C'est un handicap, nous le savons
Ne rappelons ni le temps ni son inconvénient

Les mots perdurent dans ma colonne vertébrale effilochée
Je découpe la page de garde et je trouve une retraite là où les pages du Sud profond touchent la Palestine

Ne suis-je pas venue ici pour trouver un havre sûr, la réparation d'un butin mal acquis ?
Gâter pour un combat à la pointe d'un couteau ? 

Aucun port n'est sûr. Chaque port est le point de départ d'une nouvelle nation couteau

Si celui qui me ratisse avec une honte si peu banale pour des péchés mineurs était là maintenant devant moi, ne devrait-il pas m'avertir qu'il me dévasterait encore et toujours pour la gaffe ?

Je suis donc une enfant pourtant j'avais composé cette bête de conscience qui me harcèle : 
Y a t-il autre chose que je puisse dire avec certitude sur qui j'étais ? 
Pourrais-je tirer des transgressions infinitésimales des accords complexes et des remords
puis orchestrer un châtiment toujours plus grand pour les malheureux et pour moi-même ?

Nous plaisantons et des mots me viennent à l'esprit, qui, à mon étonnement, disent : 
comment devinez-vous quand vous pouvez rire lorsque quelqu'un meurt ? 

Les gens se taisent
La cour se calme
Tout le monde regarde
Les gosses jouent dehors
Je joue aussi
Je n'entends plus rien de l'intérieur
Personne n'était sans pierre à la main
Nous y étions
De retour là où nous avions commencé
On se cognait dans le noir puis nous avons tous travaillé ensemble pour construire une échelle 

Une personne du Clan du Vent a grimpé le premier dans l'autre monde, puis les autres clans,
les enfants de ces clans, leurs enfants et leurs enfants, tout au long du temps