Pieds secs qui pincent






Quand il jette en dansant
Son bruit vif et moqueur
Ce monde rayonnant
De métal et de pierre
Me ravit en extase
Et j'aime à la fureur
Les choses où le son
Se mêle à la lumière 

Les yeux fixés sur moi
Comme un tigre dompté
D'un air vague et rêveur
Elle essayait des poses
Et la candeur, unie à la lubricité
Donnait un charme neuf
A ses métamorphoses 

Pour troubler le repos
Où mon âme était mise
Et pour la déranger
Du rocher de cristal
Où, calme et solitaire
Elle était assise
La nonchalance et la désinvolture
D'une coquette aux airs extravagants

Pour dire vrai
Je crais que ta coquetterie
Ne troue pas un prix digne de ses efforts
Qui, de ces cœurs mortels
Entend la raillerie ?

Les charmes de l'horreur n'énivrent que les forts. 

Pourtant,
Qui n'a serré
Dans ses bras 
Un squelette
Et qui s'est nourri
Que des choses du tombeau ?

Qu'importe le parfum,
L'habit ou la toilette.

Qui fait le dégoûté montre qu'il se croit beau. 

En tout climat
Sous tout soleil
La mort t'admire
En tes contorsions
Risible humanité
Et souvent, comme toi
Se parfumant de myrrhe
Mêle son ironie à ton insanité 

Des quais froids de la Seine
Aux bords brûlants du Grange
Le troupeau mortel saute et se pâme
Sans voir
Dans un trou du plafond
La trompette de l'ange sinistrement béante
Ainsi qu'un tromblon noir 

Antinoüs flétris
Dandys à face glabre
Cadavres vernissés
Lovelace chenus
Le branle universel de la danse macabre
Vous entraîne en des lieux qui ne sont pas connus 

Inépuisable puits de sottises
Et de fautes
De l'antique douleur
Eternel alambic
A travers le treillis recourbé de tes côtes
Je vois, errant encor
L'insatiable aspic 

(Cut up : Baudelaire : Les Bijoux/Danse macabre)






 

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