Biguine again

Urszula Kluz Knopek

Deux mois que les pluies patientent.
Des statues enterrées dans du teck enduites de sang de vieille aigrette

Lightning est la seule créature qui porte un couteau

Je sens le pouls de cet enfer, testé à l'heure, pour savoir que les torches ne doivent pas vaciller

Dans la garnison, j'apprends aux rochers à couler de la falaise
Mes cheveux tombés poussent le parchemin de leurs cheveux
La calligraphie descend de leurs lèvres
Attaque d'infanterie mais mon mousquet sait
Ils escaladent les flancs pourtant je déchire les rochers
Laisse-les arriver à ma porte, prête sur le seuil, sur la terre que j'ai déjà creusée
Dans le couloir vers une crypte comme un classeur métallique désuet, jeté, obsolète,
enfermé dans une pièce, attendant la bénédiction des nouvelles icônes pour les dents.

Quelqu'un a dit quelque part : la chimie du futur
Quelque part quelqu'un a dit qu'il n'y a jamais assez de têtes hypnotisantes
au régime de traditions cristallines, échangeant l'eau contre la richesse

Il y avait de la reconnaissance à travers cette fenêtre
Mes yeux cognaient sur le verre poli, battant des cils dans le tympan du ciel

Je dépose mon aleph ici, comme un fruit mûr, comme le souvenir d'une maison éloignée
Il flotte comme une baleine échouée dans l'autopsie

Harnachée avec Gumshoe et Presse à Imprimer,
c'était comme cela que tu avais sur rendre la mémoire et le présent inséparables

Cette démarche que tu avais, jambes arquées, branlantes même, 
et ce rire fort et somptueux
Exécrant toutes ces pages tournées, écornées et cassantes après un étirement,
pour déposer des mots devant nous, comme de miettes

Homme formé hors de la boue et fait pour parler,
enfonçons-lui un petit chuchoteur, un seau avec deux trous,
donnons-lui le Grand Trompeur, une pierre de sang, une église au plafond voûté,
là où les Nils blanc et bleu se rencontrent

Une fois, j'ai marché sur la pointe des pieds pour t'apercevoir
Quand tu avais dit : je me couperais la langue,
j'avais développé un calus sur ta bouche

Tu sautais parfois, tu t'éloignais aussi, mais cette fois au téléphone,
tu n'as pu reprendre ton souffle
Tu as bondi mais tu n'as pas pu m'atteindre

J'ai attrapé ton front qui enchérit les morts, j'ai attrapé la branche qui cachait ton :
qui tu es

Transformée en fleur toxique, similaire à 99,99 %
un nom, des noms sautant d'un objet aérodynamique à travers un cerceau
brûlant dans un verre d'eau plate.
Je souris en retour.
Nos amis noirs, en fête, avec hors-d'œuvre.
Les trottoirs du centre restent vides de mes pas.
Pour les percés, les transpercés, je garde mon cash.
Cela ne charge pas ma carte.
Regarder par la vitre pour échapper des vapeurs des écrans.

Une fois chez moi, face au plafond blanc,
je me demande comment j'ai pu avoir autant de carburant pour ces voyages passés.
C'était que j'écrivais pour échapper à un désir d'insolence.
C'est alors que tu étais venu me voir pour étancher ma soif.
C'est alors que tu étais venu transporter de l'eau dans ma bouche,
de bouche à bouche, sans que nos lèvres se touchent.
Ce n'était pas un baiser.
Un baiser ne m'aurait pas conduite ici.


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