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Martin Boisvert Ginkgo, peuplier, pin oak, sweet gum, tulipier. Mes émotions sont vivantes et ressemblent à des feuilles. Je nourris leurs formes. Avez-vous ressenti l'étendue et les contours le long d'un grand érable de Norvège ? Avez-vous grimacé devant la fusée orange ? Brûler les courbes d'un cornouiller de curling ? J'ai vu des îles aériennes.  Chacune avec un réseau de routes de graviers ramifiés. Je connais le plaisir dans les veines d'un pommier à sucre. J'ai parcouru les bords de feuilles qui n'ont pas de nom, là où la lumière est fraîche, là où l'air est humide. Je me souviens encore de l'herbe à la fièvre de miel pour arrêter les abeilles folles dans l'enclos des lapins. J'essaie souvent de penser à quel doux mois les langoureuses dames peintes avaient l'habitude de tacher la route jaune d'un adieu dévalant la principale. Quelles semaines, quels mois, à quelle heure de l'année, j'avais triché à l'école pour avoi

Curtiz

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Kris De Meester.  De la société  Tu vois la médaille Faire chorale avec les tiens Jeu du moulin Onze ans Et sur ton front de la couvée Aucun baiser de ta mère Songe dans tes alarmes  Qu'un double se définit Onze ans Et nul regard de ton père Loin du reste écrasé On te regarde sortir de l'école chrétienne, musulmane, juive Prier ?  Tu balbuties à peine   

Abjection

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Mike Kelley This is be the verse. They fuck you up, your mum and dad. They may not mean to, but they do. They fill you with the faults they had And add some extra, just for you. But they were fucked up in their turn By fools in old-style hats and coats, Who half the time were soppy-stern And half at one another throats. Man hands on misery to man. It depends like a coastal shelf. Get out as early as you can, And don't have any kids yourself. (Philip Larkin)

Ubuntu

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  Natasha Harth Je ne vois pas l'année sur le calendrier de la station. Nous avons dormi sous les aiguilles arrêtées de l'horloge jusqu'au matin, quand un homme entra avec une échelle. Il grimpa jusqu'au cadran de l'horloge et l'ouvrit avec une clef. Personne d'autre que lui ne savait ce qu'il y voyait. Au-dessous, les visages mortels passaient vers tous les points cardinaux. Les gens continuaient à traverser les frontières,  à mettre un pied devant l'autre, à acheter des billets pour un prochain fuseau horaire. Franchissement des seuils, du sommeil au réveil et aller-retour. Salle d'attente dans une zone de guerre vers une zone de sécurité. Croisement entre gain et perte. Je m'assieds sur les rails à une centaine de mètres de la terre. Il s'avance vers moi sombre et lent mais déterminé comme une saison. Il est la bouche d'incendie de l'outsider.  Quand il atteint mon point, il s'assied près de moi sans un salut et crache prof

The banana est un nœud

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Michaël Borremans Ceux qui passent à côté de moi, je me souviendrai d'eux et ceux qui viennent lourds et autoritaires, je les oublierai Ce sont peut-être des ailes de chauves-souris cette frange au coin de l'œil, là où le globe oculaire pivote Battre son dos dans une lourde cape noire Lorsque le brun de l'œil tourne, là où on l'on pense à la scie blanche il n'y a que de l'air et la réalité, comme les mères les définissent Lait/Pas de lait S'il devient clair que les Causes Premières contenaient déjà l'explosion du ridicule alors nous devrons chercher ailleurs puisque le futur est déjà dépassé Il semble assuré que la vie est née d'une incompatibilité déchaînée de vapeurs de gaz et cela nous réconforte car le cerveau humain s'en sort indemne L'infini, le sublime et les autres hauteurs, même s'ils sont notre fardeau ne nous accablent pas d'un orgueil bien fondé Le blâme vient après, c'est incontestable C'est le péché d'orgueil

Un rien charmant

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Gottfried Helnwein Quand cette fausse monnaie, la flatterie  dans une réciprocité, e st un échange, elle n'est rien L'heure a sonné L'heure de chanter une chanson idiote Je sais que je n'embrasse qu'une forme fragile qui sera cendre demain dans une fosse profonde J'aimerais mieux mille fois que tout meurt en elle La chair aux arpents de la terre Rose Comme il est beau ce thon, quel beau thon, qu'il est joli ce thon, un joli thon ll était un petit poisson d'avril Il avait beau dire et redire qu'il était un poisson personne ne le croyait Un jour, il se permit de croire qu'il était un oiseau charmant qui sifflote ou une jument ou un poulain d'écume Jument de lune. Jument de brume. Aucune prière ce jour Le monde paraît parfait  Une enfant dort au milieu de l'espace Reflet bleu métallique Elle est nue Elle flotte Qu'elle soit à moi Environne-moi Enchanter les yeux  D'un autre âge Changer de cordon Elle est le souvenir Jamais trop droit

Effet

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Luchezar Boyadjev - 1992. Vous ne savez pas, vous autres, pourquoi ils ne dévorent pas les os de votre tête Et qu'ils se contentent d'extraire, avec leur pompe, la quintessence de votre sang. Attendez un instant, je vais vous le dire : C'est parce qu'ils n'en ont pas la force. Soyez certains que, si leur mâchoire était conforme à la mesure de leurs vœux infinis, La cervelle, la rétine des yeux, la colonne vertébrale, tout corps y passerait. Comme une goutte d'eau. Sur la tête d'un jeune mendiant des rues , Observez, Avec un microscope,  Un pou qui travaille : Vous m'en donnerez des nouvelles. Malheureusement, ils sont petits, ces brigands de la longue chevelure. Ils ne seraient pas bons pour être conscrits car ils n'ont pas la taille nécessaire exigée par la loi. Ils appartiennent au monde lilliputien de ceux de la courte cuisse, Et les aveugles n'hésitent pas à les ranger parmi les infiniment petits. Malheur au cachalot qui se battrait contre un