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Martin Boisvert.  J'aime à changer de cieux, de climat, de lumière. Oiseau d'une saison, je fuis avec l'été, Et mon vol inconstant va du rivage austère Au rivage enchanté. Mais qu'à jamais le vent bien loin du bord m'emporte Où j'ai dans d'autres temps suivi des pas chéris Et qu'aujourd'hui déjà ma félicité morte Jonche des débris. Combien ce lieu m'a plu ! non pas que j'eusse encore Vu le ciel y briller sous un soleil pâli, L'amour qui dans mon âme enfin venait d'éclore L'avait seul embelli. Hélas, avec l'amour ont disparu ses charmes Et sous ces grands sapins, au bord des lacs brumeux, Je verrais se lever comme un fantôme en larmes L'ombre des jours heureux. Oui, pour moi, tout est plein sur cette froide plage De la présence chère et du regard aimé, Plein de la voix connue et de la douce image Dont j'eus le cœur charmé. Comment pourrais-je encore, désolée et pieuse, Par les mêmes sentiers, traîner ce cœur meurtri, Se...

Stuart Semple Temple strikes again

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Karen Manager Live Laugh Love Zero Stars This Is Terrible  

Summer with Sonja

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Comme un bétail pensif sur le sable, couchées, Elles tournent leurs yeux vers l'horizon des mers, Et leurs pieds se cherchant et leurs mains rapprochées Ont de douces langueurs et des frissons amers. Les unes, cœurs épris de longues confidences, Dans le fond des bosquets où jasent les ruisseaux, Vont épelant l'amour des craintives enfances Et creusent le bois vert des jeunes arbrisseaux. D'autres, comme des sœurs marchent lentes et graves A travers les rochers pleins d'apparitions, Où Saint Antoine a vu surgir comme des laves Les seins nus et pourprés de ses tentations. Il en est, aux lueurs des résines croulantes, qui dans le creux muet des vieux antres païens T'appellent au secours de leurs fièvres hurlantes, Ô  Bacchus, endormeur des remords anciens ! Et d'autres, dont la gorge aiment les scapulaires, Qui, recélant un fouet sous leurs longs vêtements, Mêlent, dans le bois sombre et les nuits solitaires, L'écume des plaisirs aux larmes des tourments. De la...

Cocosse

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Joël Moens de Hase J'ai un os. J'ai dit ce qui est drôle p uis rien. Rien est drôle, c e qui m'a fait rire. Un novembre comme un décembre. Cent mille jours traînant la moitié du mois comme mille ans. Reviens aux cinq francs dix pièces. Je sors d'une lecture : il est 16 heures. Il y avait beaucoup de monde. Une grande foule noire qui chuchotait à peine. Assurément une femme est morte.  Une mère est morte. Il y en a une autre et une autre et des petits enfants tout en noir, tous avec des visages morts. J'ai détesté cette atmosphère o ù tu es assise, là, s ubtile et soi-disant hypersensible. Chaque ton, c haque voix était nature. Une remarque coquette,  une voix tenant une copie grattant les syllabes des mêmes disques. Je vous verrais Carnegie Hall sous terre. Plus de lumière, s'il vous plaît.  Personne ne devrait tolérer le ridicule d'une voix naturelle. Lorsque nous mettons en évidence des demi lecteurs, le résultat n'est pas une bonne poésie vivante. Cel...

Ticiosh

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  Une vieille dame se tenait à côté de moi. La peau de son cou ressemblait à une dinde. J'ai souhaité que j'étais elle, je lui enviais son sort, parce qu'elle était plus proche de la mort que moi. Pendant un instant, elle me dévisage et m'envie parce que je suis plus proche de la mort qu'elle.   Il y avait aussi une fille en mini-jupe qui faisait semblant d'être absorbée  dans le scintillement du téléscripteur sur la Palestine, le Biafra et les étudiants qui protestent sur le train de vie. Le bois dans cette librairie, témoin du mouvement Arts and Crafts, est une substance masculine. Parquet en chêne, plafond en chêne, murs en chêne. La grille de climatisation en ersatz de chêne. Les lattes du ventilateur de plafond en placage de chêne. La table sur laquelle j'écris est en panneaux de particules de chêne, cousin du placage. Les luminaires de style artisan, triangles, angles droits, géométriques. Qu'éclaire la géométrie ? Un climatiseur, un avertisseur de...

Conception narrative

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 Todd Baxter Un banc, des coteaux, des fleurs, une treille, rayons de soleil me chauffant le dos. Des troncs noirs et hauts. Emois du matin... Que je me sens bien !  Bocages, ramures. Un toit qui rassure. Abri où je dure. Du rêve. Un piano. Des livres à gogo. Pour moi un festin ! Que je me sens bien !  Et quittant la rade, parfois en balade ou en randonnée, je prends le sentier, cœur et pieds légers. Appel quotidien... Que je me sens bien ! S'allongent les lieues. Au vent mes cheveux. Fatigue aux mollets. Un coin oublié. Un silence ailé. Gazouillis soudain... Que je me sens bien !  Des baies, des épines. Et l'air qui burine. Odeurs de résine  et de chèvrefeuille. Un saut d'écureuil. Soleil au déclin... Que je me sens bien ! Chemin du retour. Rougeoiement du jour. Et paix alentour. Au loin en beauté, mon toit, mon grenier. En moi un refrain ... Que je me sens bien ! ... Que je me sens bien ! ... Que je me sens bien ! ... Que je me sens bien ! ... (Esther Granek. De...

Mydriase

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Denis Stroff. La séance de sac. Je crache sur ma vie. Je m'en désolidarise. Qui ne fait mieux que sa vie ?  Cela commença quand j'étais enfant. Il y avait un adulte encombrant. Comment me venger de lui ? Je le mis dans un sac. Là, je pouvais le battre à mon aise. Il criait mais je ne l'écoutais pas. Il n'était pas intéressant. Cette habitude de mon enfance, je l'ai sagement gardée. Les possibilités d'intervention qu'on acquiert en devenant adulte, outre qu'elles ne vont pas loin, je m'en méfiais. A qui est au lit, on n'offre pas une chaise. Cette habitude, dis-je, je l'ai justement gardée, et jusqu'aujourd'hui gardée secrète. C'est plus sûr. Son inconvénient, car il y en a un, c'est que grâce à elle, je supporte trop facilement des gens impossibles. Je les attends au sac. Voilà qui donne une merveilleuse patience. Je laisse exprès durer des situations ridicules et s'attarder mes empêcheurs de vivre. La joie que j'aurai...