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Evol

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Ce ne sont pas seulement des coquilles qui ont craqué, comme si une planète tremblante donnait des signes d'une mort progressive   mais un tout qui craque Parfois, nous devons nous battre avec des gens  Il y a des Ubermensches en formation collégiales choyés  dévorant des manuels de Nietzsche et de physique,  des tas de poulets rôtis qui développent leurs muscles et leur (auto) suffisance pour attiser leur rage contre des gens simples  Il y a des entrepreneurs avec des comptes bancaires négatifs et un mantra je m'en foutiste  ne voulant rien d'autre que faire leurs preuves aux combats de rue ou dans la cage Beaux sans être sentimentaux Brutales sans être cruelles Il y a ceux qui restent dans leur sillage, spectateurs permanents des autres mécontents,  parlant de tout sur le même ton Qui ne disent simplement pas ce que vous aimeriez qu'ils disent  Des gens qui éclatent de rire nerveusement, des mâchoires métalliques,  un son ricanant, un grognement de tronçonneuse qui re

Cuboïde

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Maurits Cornelis Escher  Comme un son érafle le sol, semblable au moineau avant l'orage piane-piane, susurre et file,  étale en fuyant sa biffure empoisonnée, tel bec le capte,  dolce dolce,  et vous le place en l'oreille astucieusement Vous devinez le mensonge pointer,  flûter,  gonfler,  amplifier à vue d'œil Il s'élance et élargit son vol,  tournaille, attache, produit, craque, tonne puis, devient un appel général,  une montée publique,  une chorale d'animadversion L'acrimonie, ainsi faite, féconde, germe,  lanterne, progresse, et,  rinforzando,  de gueule en gueule,  il va le succube  À quoi sert-il de s'y intéresser puisque toutes ces petites arcanes discutent ouvertement dans un langage se voulant codé  mais qu'on devine aisément railleur Ils se mettent à exploser de rire devant le dynaste fourbe et ne savent plus exactement pourquoi la minute qui suit   Si leur mentor se moque, ce fastueux équipage de vieux singes de cour le fera aussi S'il bo

Plaque

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Aubrey Beardsley La lune, petite pelote de ficelle dans le zodiaque, est plaquée contre un mur de la cour où sont alignés, inégalement, quelques chariots  Deux sœurs dans une chambre, songeant à une antique famille de seigneurs, cousaient un châle des prairies  Dans le blanc champ clos de sa dernière résidence connue, les pas nombreux, les murmures s'entrecroisent, se rapprochent des grilles blafardes de son lit Clinique, hôpital, hôpital, clinique, une suite logique, issue de sa mémoire de coton qui dure à être vive, avait été dressée devant elle parmi les nombreuses tours aux mille fenêtres et jardins verdoyants, semblant d'hôtel de vacances accueillant les cafés des machines électriques au goût de larmes nauséeuses  Entretenir son moral, dans toute cette odeur chimique parmi ce régiment de bistouris et de scalpels, de lits en nombre, de soupes sans sel en batterie, de cantines roulantes, de vendeuses de dîner de cérémonies Bonté terrestre, signe de croix, agonistique d'é

Okay

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John Lurie Dans le cruor sur le goudron, Muzet trace alors deux flèches : une désignant la cane plantée et son enveloppe qu'il laissera se décomposer dans une guitoune puis l'autre pointant sa robe, se demandant avec quel jus, Stella, repeinte au raisiné, poursuivra son échappée dans le populeux

Saturn dévorant son fils

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Goya par Luke Chueh Il se trouvera des abattoirs flamboyants autant de fois que la raison s'évapore de la plus lourde des manières en un jour substantiel  N ous qui n'avons jamais eu de belle enfance, nous peindrons l'image d'un porc Une bête solide tout d'une pièce sans jointure et sans cou Nous sommes les hanteurs des mers fatales où s'échevèlent les couchers sanglants, les mers basses, hautes, étales, vers lesquelles on crie du profond de nos flancs Nous savons la splendeur des jours déracinés o ù des hommes de proie envahissent les rues, n ous qui portons le joug des aînés Nous donnerons la chasse de la Grande Mort, amoureux forcenés ne reconnaissant plus la cité Bosse borgne, q uitte à mourir en épectase, l e goupillon et  l' étendard turgescents se dressent comme un seul homme Tangage dans les bas fonds, l es balourds mastoc s'y entrechoquent  dévoilant des globes oculaires saisissants Des muscles et des pierres, le buste droit, la poitrine gonflée

Dans ses rêves, elle meurt à chaque fois

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  Meret Oppenheim La journée complète la veille des chambres, des cadavres anonymes, sans signature Une indigène se dressant dans le vide Son caveau perdurera dans le silence  somnolent, sous  les pleurs des environs    Elle en a vu ...  Elle en a vu ...  Elle renaîtra Salam à vous assassins L'ovale de son visage était un miroir enténébré Elle avait, précédemment, contemplé la région se lamenter, sa mère l'étouffer dans ses langes  Son flanc se situait près des ruelles délabrées Ses sens comme du 40% bu sont vidés d'opiacé invisible Certaines remarquaient la grande cicatrice de ses points de suture sur son ample bassin D'autres, son regard enduit de khôl , visage défiguré, le rictus engourdi,   une paire de sein manquante Le ciel ... elle l'avait avalé :  moelleux dans ses paumes  Le soleil : également, qu'elle portait à son poignet comme une petite colline Ce n'est pas par envie du sort heureux, dans les ailes claires des arbres,  qu'on songera à elle,

Brise menu

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Jenny Saville - Reverse Ils apparaissent sur la place s'imposant sauveurs du roi mais pas d'eux-mêmes Fiers sur leur piédestal bâti comme un factotum, comme un blockhaus de pierre robuste où leurs noms miroitent sur une plaque Ces enflures  Leurs mâchoires exaltées, leurs mentons balourds, leurs poings taillés à fêler et à fendre en deux toute amorce Force en main dés qu'ils asphyxient et enchaînent dans hier le lendemain bruyant et phonique de cassantes fanfares, scrutant quels feux d'éveil, quelles volontés se carrent en angles droits Ils s'abreuvent à la fontaine de la haine sans jamais implorer le pardon Nous venions vers toi après un long voyage Nous errions en pleurant Nous portions une plaie à chaque endroit sensible, la main téméraire sachant où nous blesser Nous aimerions que de tes dents tu crèves, archet jouant sur les nerfs Que ton visage s'estompe dans ces matins escamotés au réveil lorsque tout tourne à rien Et que dans un dernier supplice, étrange