Articles

Beef

Image
Chaïm Soutine Les premiers jours d'un fantôme sont difficiles Il y a tellement de hantises différentes, Tellement de façons de faire Je ne suis pas certaine que nous soyons autre chose qu'un sac de peaux d'impulsions électriques, de changements tantôt imprévisibles tantôt attendus  Je me prépare à mes 48 heures de lobotomisation annuelle Je suis trépanée Etre de gauche, 'Tain, C'est fatiguant   Je décide donc de me contenter de la beauté e ngendrée  par d'autres e t c'est déjà pas si mal Je confirme qu'il existe encore sur cette planète d es gens biens, v achement bien, pour qui c'est une évidence Cela me reprend tout de même, de temps à autre, comme une colique :  cherche bœuf anabolisé à manger cru avant le roc d'Azur pour la bonne excuse. Je hais les autres comme je n'apprécie pas la France est une façon de mourir un triste dimanche Dire que tous ces cons de gauchiss assistés, p rofiteurs, m oroses et sinistres  s e vautrent dans la carica

Membrane tendue

Image
  Wim Delvoye  Il en existe plusieurs qui se sont cassés le coccyx, pauvres moustiques qui grillent sur la vitre,  sur la place où ils étaient, auparavant, des petits garçons et des filles sages  Ils sont d'une violence, ils ont bien appris. Réfléchissant une fougère décomposée, ce duvet des filles pugnaces qui suivent le vent qui tourne L'espérance, ce mot d'enfance, n'existe quasi plus La première est morte, la deuxième est morte À cet instant, nous ne savons pas où se situera la suivante  Dans le souffle du vent tiède d'octobre filent des visages blancs qui effleurent de leurs doigts calleux des moucherons fins  Voici des grands qui prennent des scorpions pour des lanternes, qui écoutent parler Aladdin, qui discutent de respectueuse cérémonie, de familiarité grossière, faisant voltiger des paumes imaginaires dans les faces De leurs fronts bombés, ils font gagner des rictus aux pauvres anonymes qui hersent D'une pointe de feutre inopérante, qui ne sait plus où

Filuteria

Image
Ursula Kluz Knopek L'apport épique est en désamour un court extrait qui concourt l'épine Découvrir, rongés, ce qui est d'ores et déjà concocté Notes de flûte roucoulantes, jaunes d'œuvres congelés dans le frigo Jeudi tarte J'attends une sursaturation, un élan de force centipède qui pourrait évoquer une importance des choses La conscience de trop de soi ne menant nulle part  J'ai l'impression de me déplacer dans le monde avec ma chemise devant moi,  la remplissant d'images et de cailloux Je serais obsédée par la méchanceté Je sens que j'accroche à ce deux pas par quatre Oh, j'ai écrit le mot en S avec l'envie d'avoir un médium esthétique auquel être la plus perméable Aimer tous les hommes en un seul con Les rêveurs fuiraient les bruits enjoués si tous les hommes étaient de bonne race Un genre de maladresse bruyante et urgente ornée d'un décor sensationnel Des babioles de genre et de formes qui enchaînent des pertes de liens familiaux,

Relique érodée

Image
Agent de l'idéal De l'improbable genre humain Rendant haine pour haine Et dédain pour dédain Gémissant sur la dernière image dorée De ta pauvre mère mourante Que tu n'as hélas pas pu sauver Quelle hideuse besogne Héros d'une comédie Que ce curieux échange De nos deux fantaisies   Dans ton chagrin domestique  Au moulin de la ruine Cherchant de ta main gauche Abandonnant ta main droite À soulever ton verre  Sous un poids accablant Voilà maintenant que tu chasses toutes femmes Tes ambitions subsistant tristement Tant il n'est question que de mine punitive Tu les souhaiterais imperméabilisées Que la grâce et la bonté roulent sur elles Sans rien mouiller Comme font les gouttes d'eau Sur la toile cirée Alors qu'elles sont un ouragan de chair vivante Qu'un port aurait beaucoup de peine à contenir Il faut bien qu'un jour elles bouillissent Après avoir été ensevelies de précautions Amidonnées Repassées en quatre Encroûtées pour certaines Tombant en poussières

Exeat

Image
Dorothea Tanning - Birthday (1942)  Ce que j'aurais compris de mon enfance sauf que ce n'est pas la mienne, c'est comment une femme, œuvre d'ennui et de durée, pouvait devenir un meuble Le style de femme qui vivait dans une maison comme dans un musée, remplie d'artefacts de sa pertinence, d'une somme démesurée d'attention aux objets, grands ou petits, de son insolence passée Tout ce qu'elle avait connu, c'était le monologue creux d'un catholicisme Conscience qui dans sa vraie vie était rendue terne et redondante, incapable d'imagination ou de pensée supérieure qui sert à effacer en oignant la femme au foyer, qui n'existait qu'au service des autres mais peu souvent au service d'elle-même Les bras pleins de clous de girofle, de touches de piano, de bâtons de gomme à la cannelle Il était une fois une ligne qui s'était vue claire jusqu'au bout :  y = mx+b Son miroir, témoin d'une grande vulnérabilité, d'un mélange de c

Evol

Image
Ce ne sont pas seulement des coquilles qui ont craqué, comme si une planète tremblante donnait des signes d'une mort progressive   mais un tout qui craque.  Parfois, nous devons nous battre avec des gens.  Il y a des Ubermensches, en formation collégiales choyés, dévorant des manuels de Nietzsche et de physique,  des tas de poulets rôtis qui développent leurs muscles et leur (auto) suffisance pour attiser leur rage contre des gens simples.  Il y a des entrepreneurs avec des comptes bancaires négatifs et un mantra je m'en foutiste  ne voulant rien d'autre que faire leurs preuves aux combats de rue ou dans la cage. Beaux sans être sentimentaux. Brutales sans être cruelles. Il y a ceux qui restent dans leur sillage, spectateurs permanents des autres mécontents,  parlant de tout sur le même ton. Qui ne disent simplement pas ce que vous aimeriez qu'ils disent.   Des gens qui éclatent de rire nerveusement, des mâchoires métalliques,  un son ricanant, un grognement de tronçonn

Consilience

Image
Jan Fabre Bientôt, le rock chantera des chansons de grand-mère Je me promène mentalement dans une petite tribu dans la cabane de bien-être où Kookum avait habité, où elle cherchait ses meules Son histoire est ancienne, l'intrigue usée, les pages aussi Les chaudes journées d'août où elle restait assise pendant des heures à moudre des cerises de Virginie. Elle fredonne doucement un cri puis écrase la purée de petites galettes sur des plaques,   les recouvre d'écrans pour éloigner les oiseaux,  les place sur le toit bas de sa cabane sous le soleil brûlant du Dakota du Nord  Après qu'elle a vidé son dernier halètement, elle secoue la poussière  Je porte un tablier  Je fais une pochette sur mon ventre pour y recueillir les baies basses d'une main, comme Kookum le fait À genoux devant un rocher plat, mes tresses attachées, je pile dans les fosses Au cœur de l'hiver prochain, je tremperai des galettes pour ensuite les faire frire  dans de la graisse de bacon, ajoutant