Bestiau







Il s'agit de sang, de neige et même de pellicules.
Les étrangers savent. 
La rencontre et la consommation de peau lancent tous les navires.
Partout une nation attend un radeau en carton qui s'imprègne.
Partout un verre d'eau. 
Nager avec les morts vers des ligues qui ne peuvent pas être atteintes. 

Grandir et briser le chagrin en îles de pierre cuite au soleil, 
immergées dans le sel des baisers usés par l'ardeur de l'Océan implacable comme tout amour fort. 

Café à base de tortillas brûlées de charbon noir et tendues à travers un chiffon.
Rien que des tortillas pour apaiser la faim et des haricots bouillis sur le feu
qui illuminent les visages, réchauffent les ombres. 

Deux hommes frissonnent, tasses à la main comme deux petits foyers d'eau.
Bougies en sucre pour le voyage. 
Deux Nicaraguayens qui écarquillent les yeux comme des chats des rues. 
Ils parlent à peine.
Ils fixent le sol, ses fissures et crevasses, la cendre de bois carbonisé.

Une nuit éclairée par des lampes à huile, le soleil s'est couché, la lumière électrique s'est éteinte.
La pluie battant sa fureur. 
Des nappes d'eau pilonnées en éclats d'obus. 
Un gel semblant sur leurs pieds.
Alors qu'ils sont assis sur le gril éteint, quel est le véritable animal entre eux deux ? 
Mythe d'origine dans la poitrine, un animal qui oublie comment hurler,
comment ramper pour mieux trouver son langage.
Les animaux ont commencé à parler avec le monde dans le duvet de leurs dos autrefois élancés.

Demain, ils sauteront la bête.
Demain. 
La nouvelle rage profite du nouvel âge, initiatrice de la taille d'un collage, d'un essai de méandres. 
Quelle peau étirer, gratter, tendre vers l'agrandissement du désir ?
Quatre yeux remplis de pluie et de tête basse, leurs empreintes laissées dans la boue.

Que leurs pas calment le sein des mers, que leurs pieds remuent des nuages de sable.
Ils viennent des mains fêlées d'hommes qui les ont utilisés et qui continueront à le faire.
Des bouts fumants de blunts pour faire sauter les fusils de chasse.
Des hommes qui ont arrangé leurs vies autour du mystère de la lune,
cassant un coin de cité en deux du globe orange avec des rayures noires. 
Ils viennent de l'air humide et moisi. 
Ils viennent de dessous un nuage de fumée blanche, d'une pipe allumée,
du poids du rien dans une paume.
Du verre chauffé dans les roches en un cristal de sel avec des talons creusés dans la souille.
Façonnez quelque chose de joli à partir de leurs racines refusant de faire quoi que ce soit,
digne de leur prochain enterrement. 
Le souvenir d'eux s'évanouira comme la mémoire elle-même.
Ils garderont leurs gènes dans la lumière vive du céleste.
Tout ce que la Terre a d'ores et déjà supporté les séduit.
Ces corps battus qui construisent des acres de chair.
Dans les champs de trèfle de brousse et d'herbe parfumée au foin,
la lune d'hiver se réfugie dans l'ombrage des feuilles si brillantes qu'elles ont l'air factice.
Apprendre à supporter la dureté à venir et comme la terre, brandir des blessures d'or.

Ils sont réels
Trop réels 
Le Seigneur sait
Ils étaient le plus réel
Tracer et tracer 
Des routes orbitales de la planète
Ses rotations de capture
De torture
Et de massacre 
Difficiles à déchiffrer
C'est presque une langue étrangère
Chaque jour
Des petits muscles de leurs doigts menacent de tirer
Une gâchette légère et recourbée 
Comme les cils d'une femme.
Ils ne sont pas sans racine.

Il sont vraiment partis pour apprendre à se rallier alors que leurs larmes coulent
en terreau exilé de leur mère, la Terre comme eux, des sentiers pierreux,
d'une beauté déchiquetée s'élevaient, comme des vergetures striant des hanches de sable.
Le vent est une âme insouciante qui a brisé des chaînes avec un halo sauvage de gaieté.
Ne serait-il pas alors temps de faire leur entrée dans la société ?
Demain.
S'intégrer dans les rangs et les fichiers comme des piqûres d'abeilles.
Détecter le moindre scintillement de palpitations des moustiques.
De nouvelles douleurs sous forme de points et de lignes pâles.  

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