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Ovonal

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Egon Schiele Où d'autre les souris courent-elles le long des os d'un canapé, parmi les ressorts hélicoïdaux et la réserve de nourriture ?  Où d'autre un corps peut-il avoir une enveloppe et se sentir  comme dans la cage thoracique d'une souris, cassante mais planquée ? Vous vous réveillez et les bougies s'allument subitement Prendre la première des neuf, la bougie la plus éloignée à droite Une rangée de grandes bougies maigres creusant des trous dans l'obscurité, dans la gêne du travail acharné et dans le reste La pluie molle crache là où il n'y a presque plus de cire Dans chaque flamme, des héroïques Maccabées, des souvenirs fabuleux jusqu'à ce que la bête en l'Homme nous apprivoise Les tyrans s'inclinent sous la puissance du phénix de Faith, l'omnipotence du droit  Vingt siècles entiers ont roulé dans le gouffre du Temps depuis ces héroïques,  ces victimes d'Epiphane qui portaient la couronne du martyr  Abattu sous le talon syrien,  le

Sembial

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James Ensor Nos peaux se resserrent Bientôt, nous la jetterons comme un varan, comme le confort remémoré au lever d'une nouvelle lune Ce n'est là ni le regret ni l'abyssal orgueil que d'envoyer aux cieux épars un adieu de méditation et de stupéfaction à l'œil borgne qui s'était mêlé aux autres astres devenant un brasier, tenant tous ces feux couverts sauf bavards dont souvent nous n'avons nul besoin Détester celui qui pourrait nous offrir un brillant univers, si seulement nos désirs demandaient ce soin Nous mangerons les derniers signes de notre faiblesse Nous enlèverons les cicatrices des vieilles guerres d'enfance Nous oserons entrer dans la forêt en sifflant, comme ce serpent qui avait nourri ce caméléon Se dire que nous avons rendu de suffisants honneurs au mouvement inhumain du printemps Héros à l'allure courageuse du loup, monstrueuse bête à la force du sanglier, ce n'est plus un scandale impérieux que de s'éteindre dans un noir stage e

Brise menu

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Jenny Saville - Reverse Ils apparaissent sur la place s'imposant sauveurs du roi mais pas d'eux-mêmes Fiers sur leur piédestal bâti comme un factotum, comme un blockhaus de pierre robuste où leurs noms miroitent sur une plaque Ces enflures  Leurs mâchoires exaltées, leurs mentons balourds, leurs poings taillés à fêler et à fendre en deux toute amorce Force en main dés qu'ils asphyxient et enchaînent dans hier le lendemain bruyant et phonique de cassantes fanfares, scrutant quels feux d'éveil, quelles volontés se carrent en angles droits Ils s'abreuvent à la fontaine de la haine sans jamais implorer le pardon Une nouvelle fois, nous y voilà, en présence du tyranneau et de la révoltée Ils sont la loi et nous ne sommes que la prépondérance De leur âpreté équivoque, de leur austérité, fleurira un œil doux et une explosion de candeur Comme de simples animaux qu'ils enfermèrent, l'automne dernier, au sein de la nature,  las de trop végéter, l'âme intrépide, no

Minderwertigkinder

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  Jack et Dinos Chapman - Wolf Child La bienveillance d'une page blanche est infinie Marie est accrochée au porte-manteau Sale, inutile, moche comme une chose éculée, délaissée C'est le grand jour des commérages grâce au malentendu qui, sur nous deux, règne en maître À cette voyelle, il faut payer dommage Son hypersensibilité s'est muée en insensibilité Pour l'amour de Marie, je me suis tenue debout dans un tas fumant de klaxons de chien Si je pouvais voyager dans le temps, je ramènerais un tragédien, un Shakespeare afin qu'il puisse entendre nos abréviations, nos expressions modernes slang comme menty b ou platty joobs, soul-shaking, goal-suck, horse riding soul, feague, kackvogel, diss, zak 

Relique érodée

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Agent de l'idéal De l'improbable genre humain Rendant haine pour haine Et dédain pour dédain Gémissant sur la dernière image dorée De ta pauvre mère mourante Que tu n'as hélas pas pu sauver Quelle hideuse besogne Héros d'une comédie Que ce curieux échange De nos deux fantaisies   Dans ton chagrin domestique  Au moulin de la ruine Cherchant de ta main gauche Abandonnant ta main droite À soulever ton verre  Sous un poids accablant Voilà maintenant que tu chasses toutes femmes Tes ambitions subsistant tristement Tant il n'est question que de mine punitive Tu les souhaiterais imperméabilisées Que la grâce et la bonté roulent sur elles Sans rien mouiller Comme font les gouttes d'eau Sur la toile cirée Alors qu'elles sont un ouragan de chair vivante Qu'un port aurait beaucoup de peine à contenir Il faut bien qu'un jour elles bouillissent Après avoir été ensevelies de précautions Amidonnées Repassées en quatre Encroûtées pour certaines Tombant en poussières

Pavage

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Maurits Cornelis Escher- Escalier de Penrose Cherches-tu le repos ?  L'idéal que, forcément, poursuit ton envie ? Il suffira d'un mot, d'un projet : Nation ou loyalisme qui balaiera sous le regard de l'homme choqué, l'exaspérante poursuite sur ses pas pressés d'avancer Nous n'en sommes encore qu'aux injonctions, qu'aux premières directives Monter et descendre l''oscillation de ces réclamations Le détestable vivre ensemble ou les dérives du multiculturalisme imposé Opposé/Proposé et les simples citoyens rumineront et paieront le rejet Gais invités, abandonnez vos couverts L'étranger est chez lui chez nous qui succède à l'endurance, surgissant d'une conscience commune Vu ce qu'il était et d'où il vient, il ne pouvait en sortir rien d'extraordinaire Ancien Monde, Abîme-toi, Disparais, Ton livre est clos Un autre jour ou un un ange passe dans le bocal à poisson rouge de récupération Ce sont les Jeux Olympiques de la réhabi

Leven

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Vincent Corpet - D20160320 - Glasochrome sur papier Ginkgo, peuplier, pin oak, sweet gum, tulipier Mes émotions sont vivantes et ressemblent à des feuilles Je nourris leurs formes Avez-vous ressenti l'étendue et les contours le long d'un grand érable de Norvège ? Avez-vous grimacé devant la fusée orange ? Brûler les courbes d'un cornouiller de curling ? J'ai vu des îles aériennes, chacune avec un réseau de routes de graviers ramifiés Je connais le plaisir dans les veines d'un poirier à sucre J'ai parcouru les bords de feuilles qui n'ont pas de nom, là où la lumière est fraîche, là où l'air est humide Je me souviens encore de l'herbe à la fièvre de miel pour arrêter les abeilles folles dans l'enclos des lapins J'essaie souvent de penser, à quel doux mois, les langoureuses dames repeintes avaient l'habitude de tacher la route jaune d'un adieu dévalant la principale Quelles semaines, quels mois, à quelle heure de l'année, j'avais