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Nigel

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Carl Kleiner. Talentueux héros à l'allure courageuse du loup. Monstrueuse bête à la force du sanglier, Ce n'est plus un scandale impérieux Que d'éteindre, dans un noir stage et séjour, De ne plus se sentir vivant qu'à moitié Dans toutes les affections de ce jour.  Ondulante herbe à l'allure de faucon Compose un ravissant son, N'aura de cesse de t'éblouir De son élégante gestuelle. Ce n'est là ni le regret ni l'abyssal orgueil, Absolu astre du bonheur que tu as souhaité comprendre, Que d'envoyer aux cieux épars Un adieu de méditation et de stupéfaction lancés à l'œil borgne. Dans le grand songe, nous sommes maintenant endormis, Et pourtant nous veillons la bête. Lui tiendrons-nous tête ? Tenir la gueule droite et notre garde quand l'épée nous sera remise,  Ainsi nous prouverons le héros que nous pensons être.  Observer le château. Pourrons-nous le tolérer longtemps ? 

Ave

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Ed Ruscha Juste un mot pour que tu m'entende pousser une plainte et un petit cri, pour faire réagir ta belle cire. À ce bourreau, toi, tu disais : Mon Père Son forfait exécrable et infect ne t'a-t-il pas mis hors de toi ? C'est ton tourment que tu tentes d'apaiser en te courbant une nouvelle fois sous cette croix qui te pèse, dans son dogme implacable. Tu n'es pas tout à fait certain encore de ta foi, autrement tu ne gémirais pas.  Tu ignores dans quel gouffre tu t'es précipité dans l'erreur.  Nous devons rester sur le bord, attentant de nouvelles perspectives. Soit les flammes, soit le rien, soit le néant, et faire pâlir nos fronts. Pâleur pour pâleur, nous pâlissons. Espoir pour espoir, nous désespérerons. Plans, prochains crimes.  Qui aimeraient briser en mille éclats, ce globe infortuné ? Nous dormons peut-être la nuit au fond de l'avenir, à travers des débris sauvages, au dessus des charniers oniriques. Qui saluerons-nous à nos querelles respectives

Ombre indigène

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Edith Dekyndt. Il aime son élève. Elle, elle aime ses cheveux et ses cils Et les colibris noirs qui battent leurs ailes, Témoins de leur discussion. Entendre son cœur palpiter plus fort qu'un volcan. Ses lèvres qui irriguent la terre, Son tissage à elle jouant avec le vent Parmi les plates urbaines. Peau gercée, mains calleuses, nattes de mât tissée. Elle apportera de l'eau en bouteille et des fruits avec des racines. Ils se rencontreront et se renommeront à chaque fois. Il viendra au rendez-vous prévu sous la pluie de plomb Pour que toujours persiste la graine de l'eau. Diviser le temps en deux Sous la spirale lassante des jours, Pour qu'à nouveau fleurisse la langue et l'évolution, Revenus des rêves de l'Indien. Aimer l'argile verte sous ses pieds nus. Observer et explorer son corps avec ses mots. Percevoir son aspiration la plus profonde. Il la dépouillera de sa terre, Il jouera avec ses atours sans attestation. Elle lui procurera ses pas prochains et ses

Biguine again

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Urszula Kluz Knopek Deux mois que les pluies patientent. Des statues enterrées dans du teck enduites de sang de vieille aigrette. Lightning est la seule créature qui porte un couteau. Je sens le pouls de cet enfer, testé à l'heure, pour savoir que les torches ne doivent pas vaciller. Dans la garnison, j'apprends aux rochers à couler de la falaise. Mes cheveux tombés poussent le parchemin de leurs cheveux. La calligraphie descend de leurs lèvres. Attaque d'infanterie mais mon mousquet sait. Ils escaladent les flancs pourtant je déchire les rochers. Laisse-les arriver à ma porte, prête sur le seuil, sur la terre que j'ai déjà creusée. Dans le couloir vers une crypte comme un classeur métallique désuet, jeté, obsolète, enfermé dans une pièce, attendant la bénédiction des nouvelles icônes pour les dents. Quelqu'un a dit quelque part : la chimie du futur. Quelque part quelqu'un a dit qu'il n'y a jamais assez de têtes hypnotisantes au régime de traditions cri

Filuteria

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Ursula Kluz Knopek L'ennemi. Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage, Traversé ça et là par de brillants soleils. Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils. Voilà que j'ai touché l'automne des idées, Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux Pour rassembler à neuf les terres inondées Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux. Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve Trouveront dans ce sol lavé comme une grève Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ? O douleur ! O douleur ! Le temps mange la vie Et l'obscur ennemi qui nous ronge le cœur Du sans que nous perdons croît et se fortifie !  (Charles Baudelaire - 1857)  

Exotica

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Jessica Harrison.

Une chèvre dans le repère d'un lion

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Bri Gawkoski - Collages Comme le scorpion, mon frère, comme le scorpion. Tu es comme le scorpion dans une nuit d'épouvante. Comme le moineau, mon frère, Dans ses menues inquiétudes. Comme la moule, mon frère, Tu es terrifiant, mon frère, Enfermé et tranquille. Tu es terrifiant, mon frère, Comme la bouche d'un volcan éteint.  Et tu n'es pas un hélas, tu n'es pas cinq, Tu es des millions.  Tu es comme le mouton mon frère, Quand le bourreau, habillé de ta peau, Quand l'équarisseur lève le bâton, Tu te hâtes de rentrer dans le troupeau. Et tu vas à l'abattoir, En courant presque fier. Tu es la plus drôle des créatures en somme. Plus drôle que le poisson qui vit dans l'amer,  Sans savoir l'amer. Et s'il y a tant de misère sur terre, C'est grâce à toi mon frère.  Si nous sommes affamés, épuisés,  Si nous sommes écorchés jusqu'au sang, Pressés comme la grappe pour donner notre vin. Irais-je jusqu'à dire que c'est de ta faute ?  Non.  Mais tu