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Ombre indigène

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Edith Dekyndt. Il aime son élève. Elle, elle aime ses cheveux et ses cils Et les colibris noirs qui battent leurs ailes, Témoins de leur discussion. Entendre son cœur palpiter plus fort qu'un volcan. Ses lèvres qui irriguent la terre, Son tissage à elle jouant avec le vent Parmi les plates urbaines. Peau gercée, mains calleuses, nattes de mât tissée. Elle apportera de l'eau en bouteille et des fruits avec des racines. Ils se rencontreront et se renommeront à chaque fois. Il viendra au rendez-vous prévu sous la pluie de plomb Pour que toujours persiste la graine de l'eau. Diviser le temps en deux Sous la spirale lassante des jours, Pour qu'à nouveau fleurisse la langue et l'évolution, Revenus des rêves de l'Indien. Aimer l'argile verte sous ses pieds nus. Observer et explorer son corps avec ses mots. Percevoir son aspiration la plus profonde. Il la dépouillera de sa terre, Il jouera avec ses atours sans attestation. Elle lui procurera ses pas prochains et ses

Biguine again

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Urszula Kluz Knopek Deux mois que les pluies patientent. Des statues enterrées dans du teck enduites de sang de vieille aigrette. Lightning est la seule créature qui porte un couteau. Je sens le pouls de cet enfer, testé à l'heure, pour savoir que les torches ne doivent pas vaciller. Dans la garnison, j'apprends aux rochers à couler de la falaise. Mes cheveux tombés poussent le parchemin de leurs cheveux. La calligraphie descend de leurs lèvres. Attaque d'infanterie mais mon mousquet sait. Ils escaladent les flancs pourtant je déchire les rochers. Laisse-les arriver à ma porte, prête sur le seuil, sur la terre que j'ai déjà creusée. Dans le couloir vers une crypte comme un classeur métallique désuet, jeté, obsolète, enfermé dans une pièce, attendant la bénédiction des nouvelles icônes pour les dents. Quelqu'un a dit quelque part : la chimie du futur. Quelque part quelqu'un a dit qu'il n'y a jamais assez de têtes hypnotisantes au régime de traditions cri

Filuteria

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Ursula Kluz Knopek L'ennemi. Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage, Traversé ça et là par de brillants soleils. Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils. Voilà que j'ai touché l'automne des idées, Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux Pour rassembler à neuf les terres inondées Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux. Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve Trouveront dans ce sol lavé comme une grève Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ? O douleur ! O douleur ! Le temps mange la vie Et l'obscur ennemi qui nous ronge le cœur Du sans que nous perdons croît et se fortifie !  (Charles Baudelaire - 1857)  

Exotica

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Jessica Harrison.

Une chèvre dans le repère d'un lion

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Bri Gawkoski - Collages Comme le scorpion, mon frère, comme le scorpion. Tu es comme le scorpion dans une nuit d'épouvante. Comme le moineau, mon frère, Dans ses menues inquiétudes. Comme la moule, mon frère, Tu es terrifiant, mon frère, Enfermé et tranquille. Tu es terrifiant, mon frère, Comme la bouche d'un volcan éteint.  Et tu n'es pas un hélas, tu n'es pas cinq, Tu es des millions.  Tu es comme le mouton mon frère, Quand le bourreau, habillé de ta peau, Quand l'équarisseur lève le bâton, Tu te hâtes de rentrer dans le troupeau. Et tu vas à l'abattoir, En courant presque fier. Tu es la plus drôle des créatures en somme. Plus drôle que le poisson qui vit dans l'amer,  Sans savoir l'amer. Et s'il y a tant de misère sur terre, C'est grâce à toi mon frère.  Si nous sommes affamés, épuisés,  Si nous sommes écorchés jusqu'au sang, Pressés comme la grappe pour donner notre vin. Irais-je jusqu'à dire que c'est de ta faute ?  Non.  Mais tu

Bailey

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Michael Borremans. Ballon 2.  La lune,  Petite pelote de ficelle dans le zodiaque, Comme un ressort agréable,  Donnant l'impression d'être délivrée De cette peine rendue publique et urgente, Est plaquée contre un mur de la cour de la clinique Où sont alignés inégalement quelques chariots. Dans le blanc champs clos De sa dernière résidence connue, Les pas nombreux,  Les murmures s'entrecroisent, Se rapprochant des grilles blafardes de son lit. Clinique, hôpital,  Hôpital, clinique. Souriante pension cynique. Une suite logique :  Issue de sa mémoire, Qui dure à être vive, Avait été dressée devant elle Parmi les nombreuses tours aux mille fenêtres Et jardins verdoyants. Semblant d'hotel de vacances  Accueillant les cafés des machines électriques Au goût de larmes amères et nauséeuses. Tandis qu'elle se cramponne péniblement Aux lumières de son âme, Résistant à une énième glauque bouffée délirante  Dans ses draperies, Les sorties de route n'ont jamais si bien porté

Ne perdons pas le Nord

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Qui a fait ça ?  Faire la gueule au ras des fleuves et rivières Au milieu du tas d'os muets, Des serpents domptés, Des espoirs furtifs, Des rêves échoués rampent. La lourdeur se calcule en étages, En longueur d'escaliers. Course.  Sauter un peu plus haut,  Retomber sur ses mains pleines de henné. De haine ?  Qui pousse tordu A du poil au cul Et des bras tendus comme une symétrie neuve. Regarder les feuilles tomber des oliviers, La posture immobile avec un chapeau de coyote imprimé sauvache Ou sous une chemise blanche sans col d'une autre teinte,  un peu cassée, Qui voit de près s'approcher la menace.  Donne-moi ton bruit, Donne-moi ton angoisse, Donne-moi tes larmes, Donne-moi tes sueurs Le long des couloirs en cuir doré. De l'indice, Du renseignement,  Tu es la faute, Rends toi dans la forêt, Coup de chapeau dans ta tête. Arrache un cri, Pour dormir ou ne pas dormir,  Jour et nuit. Ta souffrance est à la base de ton exil. Herbe séchée, sang brûlé. Il existe des bêt